Au Maroc, on boit l’eau des nuages. Tandis qu’à Nantes, un ingénieur crée un système incassable qui rend potable n’importe quelle eau boueuse et qu’en Suisse, un fonds de crédit finance toutes sortes d’innovations liées à l’assainissement de l’eau. En 2017, plus de 2 milliards de personnes n’ont toujours pas accès à l’eau potable, droit pourtant fondamental. L’ère n’est plus à la bonne conscience mais à l’éradication définitive du problème: fini l’époque du puits construit par des collégiens en voyage humanitaire et laissé à l’abandon.
Ingénieurs comme humanitaires se rassemblent autour d’une idée commune: créer des systèmes d’assainissement simples, efficaces et maîtrisables par les populations locales à long terme.
Les nouveautés technologiques en matière d’assainissement se multiplient. Elles poursuivent la même ambition: permettre aux populations victimes du manque d’eau de maîtriser les outils du progrès.
Tour d’horizon des innovations qui pourraient bien changer le monde:
Un cube pour sauver des vies
Ce bidon à roulettes, réutilisable et facile d’utilisation, a des airs de boîte aux lettres. Son petit nom? Safe Water Cube, ou «cube d’eau potable». Il est né de la rédemption d’un ingénieur nantais, Jean-Paul Augereau, qui «passait sa vie entre deux avions et fonctionnait à l’efficacité». Jean-Paul Augereau travaille alors d’arrache-pied sur un système de filtration hyperperformant et simplissime d’utilisation. Dix ans seront nécessaires à la création du Safe Water Cube, qui fonctionne avec des produits naturels comme le sable et le charbon. «Il est destiné aux populations rurales, raconte son créateur. Son efficacité et sa simplicité leur permettent de rester dans les villages. Le manque d’eau, facteur d’exil dans les villes, entraîne d’énormes problèmes sociaux.» Depuis janvier, une quarantaine de cubes ont été installés à travers le monde. Plus de 500 autres sont en préparation.
Moissonner le brouillard
De grands filets, plantés dans la montagne, «essorent» le brouillard pour en récolter l’eau. Innovant, le système tire pourtant ses racines des pratiques ancestrales des autochtones des îles Canaries. Au Maroc, l’ONG Dar Si Hmad développe le projet depuis dix ans dans la région sèche de l’anti-Atlas, caractérisée par un climat tropical du désert. Les changements climatiques y ont aggravé la sécheresse.Menée par des femmes, l’ONG gère 600 m2 de filets et le premier observatoire du brouillard au monde, au sommet de la montagne Boutmezguida. L’eau récoltée alimente cinq villages. Le projet de recherche en cours souhaite inclure huit nouveaux villages et s’étendre dans d’autres régions souffrant du manque d’eau.Le Prix Elan des Nations Unies pour le changement climatique, décerné par l’ONU, a récompensé l’ONG en septembre passé. Pour l’originalité du projet mais aussi pour son ancrage dans la société locale. Si les jeunes hommes de la région sont formés à la construction des filets, les femmes sont les principales impliquées, dans la continuité de la tradition marocaine des «gardiennes de l’eau».
Entrepreneuriat humaniste
La Suisse, elle, mise sur l’approche business pour motiver l’innovation. L’initiative SwissBlueTec Bridge, lancée par la Direction du développement et de la coopération, accorde prêts sans intérêts et soutien technique aux PME suisses disposant de prototypes fonctionnels dans le domaine de l’assainissement de l’eau. Les projets doivent être uniques, dans leur modèle d’affaires ou dans leur technologie.
Source : TDG