Art from the Streets (« L’art des rues ») est un projet mis en place par une église de Seattle. Le programme permet aux sans-abris de prendre part à une création artistique au sein de leur ville − et donc d’en prendre possession.
Le site du projet indique que « Art from the Streets procure un enseignement, des espaces et du matériel pour les sans-abris hommes et femmes afin qu’ils puissent utiliser l’art comme un catalyseur de leur guérison et de leur thérapie« . Chaque semaine, les sans-abris sont invités à participer à une séance de « thérapie artistique » ainsi qu’une séance de photographie à travers les rues de Seattle.
La création artistique comme thérapie
Chaque lundi, des artistes, professionnels ou amateurs, guident les hommes et les femmes qui le souhaitent au sein de séances artistiques. Des projets de dessin, de peinture, de sculpture ou encore d’écriture sont ainsi mis en place afin de proposer aux participants ; « des moments de répit face aux défis quotidiens de la vie, tout en se concentrant sur la guérison, la réflexion sur soi et bien sûr en entraînant [leur] énergie créative ».
Le jeudi est la journée de la photographie. Les participants explorent les rues de Seattle armés d’appareils photos donnés par les habitants de la ville. Avec l’aide de volontaires passionnés de photo, ils partent à la recherche d’images qui leur plaisent : « L’intérêt de l’activité, expliquent les organisateurs du projet, est de développer des relations avec les volontaires et ceux qui les encadrent, tout en explorant les environs. »
Les participants se voient offrir le tirage d’une ou deux de leurs photographies préférées. Chaque mois, les photographes volontaires qui les accompagnent prennent des portraits de chacun des participants afin que ceux-ci puissent envoyer une image d’eux à leurs proches.
Les images des photographes amateurs sont exposées mensuellement dans une galerie. S’ils le souhaitent, les résidents temporaires du refuge pour sans-abris peuvent aussi y exposer leurs œuvres. Selon les organisateurs de l’activité, ces séances permettent aux personnes sans domicile fixe de s’exprimer et de retrouver confiance, en eux et en l’avenir :
« Certains des invités, qui n’auraient pas sollicité d’aide sans ce projet, ont développé de véritables relations avec les bénévoles. Rien que de savoir que quelqu’un se soucie de vous crée de l’espoir. Pour certains, c’est une première étape vers le logement permanent ou la guérison. »
La pratique photographique permet d’une part d’exercer l’œil de ces artistes, mais aussi de les faire entrer dans un projet commun, continu, dont ils sont maîtres. Le fait que les séances se déroulent à travers les rues des alentours permet aussi une réappropriation du territoire : la ville n’est plus seulement un endroit qu’ils subissent, mais un endroit sur lequel ils peuvent avoir un pouvoir, en figeant des instants.