Une équipe de chercheurs estime que le développement de millions de km2 d’aquaculture dans les océans permettrait de réduire l’insécurité alimentaire dans les années à venir.
Et si la clé pour assurer la sécurité alimentaire de milliards d’humains ne se trouverait pas sur la terre ferme ? Selon une étude publiée le 14 août 2017 dans la revue Nature Ecology & Evolution, les mers et océans de la planète pourraient en effet héberger près de 13 millions de km2 consacrés à l’aquaculture. D’après une équipe de chercheurs américains et chinois dirigée par Rebecca Gentry de l’université de Californie à Santa Barbara aux États-Unis, 11,4 millions de km2 d’océans pourraient être dédiés à l’élevage de poissons et 1,5 million de km2 à celui des coquillages, que le climat soit tempéré ou tropical. À elles seules, ces zones destinées à l’aquaculture pourraient produire 100 fois plus de produits de la mer que la population mondiale n’en consomme aujourd’hui. De quoi produire 15 milliards de tonnes par an.
Pour arriver à ces chiffres, les chercheurs ont exclu les zones des océans inadaptées à l’aquaculture, car, par exemple, trop profondes ou déjà affectées à d’autres activités comme l’extraction du pétrole, la navigation ou la protection de la faune et la flore.
« La part de poissons sauvages actuellement pêchés représente le lac Michigan »
Selon les Nations unies, la population mondiale va passer d’environ 7,6 milliards de personnes actuellement à 11,2 milliards d’ici à 2100, augmentant leurs besoins alimentaires, notamment en protéines animales. Or « la totalité des poissons sauvages actuellement pêchés dans le monde pourrait être produite sur une zone d’aquaculture de la taille du lac Michigan« , notent les chercheurs. « Presque tous les pays côtiers possèdent un grand potentiel d’aquaculture marine et pourraient répondre à leur propre demande en poisson« , déclarent les auteurs de l’étude.
Quel impact sur les écosystèmes ?
Certes, l’étude met en évidence le potentiel de l’aquaculture (qui fournit déjà près de 50 % du poisson consommé dans le monde) mais « les facteurs sociaux, économiques ou encore environnementaux devront être pris en considération« , notent les chercheurs qui citent en exemple les problèmes liés à l’alimentation des poissons d’élevages ou encore les coûts du transport des denrées produites.
Dans un commentaire accompagnant l’article, des scientifiques précisent que « même si ces résultats montrent que l’exploitation d’une petite portion des océans permettrait de résoudre partiellement notre défi alimentaire, nous devons examiner attentivement l’impact de la production d’aliments aquatiques sur les écosystèmes et les ressources aquatiques et terrestres« .
Source : Sciences et Avenir