Alors que la Ville de Montréal a lancé son Plan d’action en patrimoine 2017/2022 il y a quelques jours, la vacance y occupe une place centrale. « Avec ce Plan d’action, la Ville reconnait que l’occupation est la meilleure stratégie de conservation des lieux, cela constitue un grand pas pour l’urbanisme temporaire et transitoire à Montréal », raconte Jonathan Lapalme, cofondateur d’Entremise, un organisme fondé en mai 2016 qui souhaite faciliter l’usage temporaire des espaces vacants. L’adoption de ce Plan marque également la création d’un Observatoire du patrimoine qui inclut un Laboratoire transitoire pour faire une plus grande place à ce type de pratiques.
Le Laboratoire transitoire est le fruit de la convergence des actions d’Entremise, de la Maison de l’innovation sociale (MIS), Des villes pour tous (Cities for People) et de la Ville de Montréal. Il permettra d’explorer les nombreux avantages que peut offrir l’urbanisme transitoire, notion qui désigne des lieux sans occupants à la recherche d’occupants sans lieux, et ce pour une courte ou une moyenne durée. Il faut souligner que les activités du Laboratoire transitoire ne s’adresseront pas uniquement aux bâtiments publics ou patrimoniaux, mais bien à n’importe quel bâtiment ou espace vacant, privé ou commercial. « L’un des objectifs du Laboratoire transitoire sera d’éviter que des bâtiments comme le Théâtre Snowdon ou l’Édifice Robillard passent au feu parce qu’ils sont inoccupés et donc peu surveillés et entretenus. »
« Ces dernières années, Montréal a expérimenté avec succès la revalorisation des espaces vacants extérieurs, comme le Champ des Possibles et le Village au Pied du Courant. Aujourd’hui, il n’y a jamais eu autant de grands bâtiments vacants à Montréal ; l’exemple récent de l’hôpital Royal Victoria, inoccupé depuis avril 2015, a rendu la problématique difficile à ignorer. C’est d’ailleurs pourquoi depuis le début du mois d’août, une partie de l’édifice est utilisée comme site d’hébergement pour les demandeurs d’asile qui arrivent au Québec. C’est un bel exemple de l’impact que peut avoir l’urbanisme transitoire », explique Jonathan Lapalme. « Avec ce laboratoire, nous allons pouvoir contribuer à influencer la législation qui encadre les espaces vacants à Montréal. Le plus important sera de pouvoir mettre en place des leviers pour inciter à l’usage temporaire de certains lieux tout en dissuadant les propriétaires de laisser leurs bâtiments vides. »
Parmi les mesures étudiées, la Ville pourrait décider de donner des amendes plus élevées aux propriétaires qui laissent des bâtiments ou des terrains à l’abandon, ou de créer des permis d’occupation temporaire pour faciliter les initiatives d’urbanisme transitoire. Les activités du Laboratoire transitoire donneront lieu à des projets-pilotes et démarreront dans les prochains mois auprès d’un bâtiment municipal qui n’a pas encore été précisé.
Source : Novae