Le crowdfunding, la solution pour les agriculteurs !
Florian Breton est le fondateur de MiiMOSA, une plateforme de financement participatif dédiée à l’agriculture et l’alimentation. La plateforme crée en 2014, est devenue en quatre ans, un des leaders européens de financement participatif. Un secteur impulsé par le bio, mais aussi par une volonté de relocaliser la production agricole.
En premier lieu, le fondateur serait parti d’un triple constat :
- « Le crowdfunding était en plein essor, mais ne touchait pas encore le secteur de l’agriculture;
- Une volonté d’impliquer les citoyens et le grand public dans des projets d’agriculture durable et locale;
- La nécessité d’offrir des relais de financement à des agriculteurs qui rencontrent de plus en plus de difficultés à trouver de l’argent. »
Pourquoi les agriculteurs se tournent-ils vers le grand public pour se financer, quitte à délaisser les banques?
« Depuis la crise de 2008, les banques ont une pression réglementaire qui s’est considérablement accrue. Elles vont préférer se tourner vers des projets beaucoup plus rentables et moins risqués. Finalement, elles négligent les petites entreprises et structures qui ne sont pas prioritaires ». Les banques exigent des garanties, et « si un agriculteur contracte plusieurs emprunts, une banque sera frileuse à l’idée de le financer une nouvelle fois, même s’il est en bonne santé financière ».
Le bio, moteur des projets
La majorité des projets concernent le développement des structures, d’équipement, de foncier, de bâtiments ou d’implantation. D’ailleurs, un des moteurs de la plateforme est l’agriculture bio présente dans 69 % des projets : « Ce secteur est assez mal financé par les acteurs de la finance traditionnelle », explique le fondateur. La moitié des financeurs sont issus du réseau de connaissance direct des agriculteurs. Cela leur permet de fidéliser leur écosystème de distributeurs ou de fournisseurs. L’autre moitié représente la société civile. MiiMOSA repose sur plus de 75.000 personnes inscrites avec un « trafic d’un million et demi de personnes sur la plateforme en 2017 ». Les projets bénéficient particulièrement de la « viralité » sur internet. Notamment grâce aux nombreux partages sur les réseaux sociaux, par les familles et amis des agriculteurs.
« Au cœur d’une transition souhaitée »
Les deux motivations principales des personnes qui soutiennent ces projets sont « la thématique de l’agriculture, qui est forte et engageante; mais aussi l’impact territorial d’un projet ». Florian Breton l’affirme : la communauté est nationale, mais avec un impact local, 70 à 75 % des fonds provenant de la région d’implantation du projet ».
Quelles perspectives pour le crowdfunding agricole? Le fondateur de MiiMOSA est optimiste, pronostiquant même que :
« les agriculteurs seront les héros de demain. Notre monde est confronté à des enjeux d’ordre climatique, de transition énergétique et alimentaire. Ils sont les ambassadeurs de cette transition. L’agriculture mondiale émet 30 % des gaz à effet de serre. Les agriculteurs ont de grandes surfaces à mettre à disposition pour produire des énergies renouvelables, que ce soit du solaire, de l’éolien ou par l’utilisation du méthane. »
Selon lui, les agriculteurs seront mieux rémunérés avec le développement de ces activités, mais aussi grâce à « la diversification de leur propre modèle économique à travers toutes les externalités positives qu’ils produisent pour la planète et pour notre société, en termes de préservation des territoires ou d’emplois ». Le fondateur de MiiMOSA est d’ailleurs indigné par la situation actuelle des agriculteurs : « on marche sur la tête quand on sait qu’un agriculteur perçoit en moyenne 1.250 euros par mois et un sur trois à peine 350 euros. Il faut ramener plus de valeur ajoutée. »
Source : socialiser – miimosa