Black Mambas : les femmes unies contre le braconnage
Malgré le fait que la législation à l’encontre du braconnage se durcisse, ce fléau n’a pas encore été définitivement éradiqué. Très présent sur l’ensemble du continent africain, il sévit fortement en Afrique du Sud notamment, qui abrite environ 80 % de la population mondiale de rhinocéros blancs, les pachydermes les plus ciblés par ce trafic. Pour cause : leurs cornes, leurs défenses et leur ivoire font l’objet de nombreuses convoitises et se négocient à prix d’or : 1 kg de corne de rhinocéros peut se monnayer jusqu’à 100 000 $. Ce fructueux commerce illégal n’est pas prêt de cesser tant la demande persiste, comme en Asie où l’on prête à ces produits des vertus thérapeutiques.
Braconnage : crime contre la nature
Rien que pour l’année 2012, 668 mammifères ont été tués, d’après le gouvernement sud-africain. Le braconnage est souvent le fait de locaux, qui parfois n’ont pas d’autres possibilités pour survivre que de sombrer dans ce trafic afin de couvrir les dépenses du quotidien.
La création d’une unité combattant le braconnage et composée de membres appartenant aux communautés avoisinantes a donc germé dans les esprits. Ainsi est née en 2011, l’Unité Black Mambas, lancée par l’ONG Transfrontier Africa NPC.
Unité Black Mambas
Chaque jour, les 36 femmes du Black Mambas font des kilomètres à pied ou en voiture pour faire l’état des lieux de la réserve privée Balule et celle du parc Kruger. Cette unité d’élite, exclusivement féminine, est une stratégie de lutte anti-braconnage qui se veut inclusive et pacifique.
Tout est examiné, annoté, rapporté ou encore cartographié avec grand soin lors des patrouilles. Rien n’échappe à l’extrême vigilance des Black Mambas, à l’affût du moindre changement ou tumulte inhabituel. Ainsi, cette collecte d’informations permet de repérer une présence suspecte avant qu’un crime ne soit commis. Non armées, les Black Mambas disposent cependant de chiens de garde, de 4×4 et d’hélicoptères pour les cas de force majeure.
« Être armées signifierait devenir une cible. Le moindre face-à-face avec les braconniers déclencherait un échange de tirs, ce que nous ne voulons pas ». — Felicia Megakane membre de l’Unité Black Mambas.
Les yeux et les oreilles de la réserve
En plus de préserver la faune, l’appartenance à l’unité permet également de créer de l’emploi localement. Dans la plupart des cas, les femmes recrutées sont souvent issues de milieux sociaux défavorisés. Et comme le rappelle Craig, membre de l’ONG Transfrontier Africa NPC, il arrive qu’elles soient « les uniques pourvoyeuses potentielles d’un revenu de subsistance pour leur famille ».
Cette démarche est encourageante et les résultats sont probants. Pour la troisième année consécutive, le nombre de rhinocéros tués en Afrique du Sud a diminué en 2019. Le braconnage est donc en train de reculer.
Des ateliers de sensibilisation auprès des écoliers s’effectuent régulièrement par le biais des membres de l’unité qui viennent raconter leurs aventures aux enfants et de temps à autre, organisent même des excursions dans le parc.
« Les enfants auxquels nous enseignons que la nature est notre héritage transmettront le message à leurs parents ». Felicia Megakane membre de l’Unité Black Mambas.
De quoi assurer la relève !
Sources : Le Monde, ONG Transfrontier Africa NPC
Photo de couverture : © Getty Images