Des artistes au service des disparus.
Depuis janvier 2020, le Centre national pour les personnes disparues et restes non identifiés (CNPDRN) de la Gendarmerie Royale du Canada s’est associé à l’Académie of Art de New York. L’objectif : redonner un visage à 15 personnes non identifiées.
Une collaboration nécessaire
Basé à Ottawa, le CNPDRN recense tous les ans plusieurs cas de corps retrouvés sans identité. Le centre garde des centaines de crânes dans l’attente de leur redonner un nom. De l’autre côté de la frontière, la New York Academy of Art avait besoin de crânes. En effet, mise en place en 2015, une classe de reconstruction faciale a été tellement efficace qu’elle est parvenue à vider les étagères des médecins légistes de New York de crânes non identifiés. Ce cours, donné une fois par an par Joe Mullins, redonne un visage aux crânes d’inconnus. Cet instructeur, spécialiste en imagerie médico-légale a reçu 15 reproductions 3D de crânes canadiens. Ainsi, il a donné la mission à ses étudiants de leur redonner un visage, dans l’espoir de retrouver leurs proches.
« Votre crâne, c’est la base de votre visage »
Pour Joe Mullins, le crâne est une source d’indices incroyable sur l’apparence d’un visage vivant. De l’épaisseur des lèvres à la forme du nez, en passant par le pli des paupières ou la racine des cheveux, toutes ces informations se retrouvent sur le crâne. C’est en se basant sur ce principe et en utilisant des techniques de sculpture anatomique que les étudiants vont alors pouvoir modeler des visages. Avant de commencer leur travail, les étudiants disposent des informations basiques connues de la personne. Ils vont alors avoir accès aux informations concernant sa tranche d’âge, son sexe, ou encore ses potentielles fractures guéries. Ils ont à leur disposition également des photographies des vêtements retrouvés, afin de pouvoir imaginer une morphologie probable.
Une nécessité de précision
Le détail est important. Si une caractéristique du visage n’est pas reproduite de manière convaincante, les chances de faire reconnaître la personne s’amoindrissent. En effet, il n’y a pas de place pour l’inspiration dans cette classe. On ne demande pas aux étudiants d’interpréter un visage, mais bien de le reproduire de manière la plus fidèle possible. Il s’agit de mettre les techniques de l’art aux services de la science, à la manière de la pratique du portrait-robot. La volonté de rendre le crâne le plus fidèle possible à sa vie passée devient une priorité. Et cela fonctionne. Le 20 janvier 2020, une femme, intriguée par une photo de la sculpture, a pu identifier son fils disparu depuis juillet 2019, et confirmer son identité en constatant les vêtements dont disposait le CNPDRN. Ce programme de reconstruction faciale est considéré par les familles des disparus comme un espoir d’obtenir des réponses et de pouvoir tourner la page.
Sources : canadasmissing.ca, The Fifth Estate, The New York Academy of Art
Crédits Photos : canadasmissing.ca The New York Academy of Art