Les pélicans victimes des marées de pétrole réapparaissent en Louisiane
Un pélican baignant dans une flaque de pétrole, les plumes collées, le bec ouvert. Voilà l’image qui a fait le tour du monde, lors de l’explosion de Deepwater Horizon en avril 2010. Aujourd’hui, les pélicans, ainsi que d’autres oiseaux de l’île de Queen Bess réapparaissent sur leur territoire naturel.
Une catastrophe écologique
Le 20 avril 2010, la plateforme pétrolière Deepwater Horizon explose dans le golfe du Mexique et coule deux jours plus tard. La catastrophe fait onze morts et propage une vague de pétrole partout dans le golfe. On estime que 780 millions de litres se sont répandus à travers les eaux, menaçant l’équilibre de plus de 400 espèces. L’île de Queen Bess se trouve dans la baie de Barataria au sud de La Nouvelle-Orléans. Il s’agit d’un des territoires de nidation préférés des pélicans aux États-Unis. Pour certains ornithologues, plus d’un million d’oiseaux seraient morts dans le mois qui a suivi l’explosion. Et parmi eux, 12 % de la population de pélicans bruns dans le golfe du Mexique. Dans la durée, la catastrophe a eu des conséquences désastreuses : 50 % de la population des pélicans bruns du golfe ont continué de disparaitre pendant ces 10 dernières années.
Cependant, la marée de pétrole n’est pas le seul danger pour les oiseaux marins. Les tempêtes, la montée du niveau de la mer, et l’érosion de ses côtes menace l’écosystème de la baie. Chaque heure, la Louisiane perdrait l’équivalent d’un terrain de football dans la mer. Sur les quatorze hectares de l’île de Queen Bess, seuls 2 étaient exploitables par les pélicans. Obligés de partager leur territoire avec les hérons et autres oiseaux côtiers. En effet, dans la baie de Barataria, Queen Bess et deux autres îles supportent à elles seules 70 % des oiseaux du territoire. La place se fait rare pour accueillir toutes les colonies.
L’île se refait une beauté
La compagnie pétrolière qui louait la plateforme, British Petroleum, a débloqué plus de 20,8 billions de dollars. Le tout destiné à la réparation des dégâts engendrés et à la protection future de l’écosystème fragilisé. Une somme qui permet de réparer une ironie cruelle. En effet, les pélicans bruns venaient d’être retirés de la liste des espèces en danger tout juste un an avant l’explosion. Cette restauration est le premier projet à réserver plus de 200 millions de dollars uniquement à la conservation d’oiseaux.
La restauration de l’île s’est d’ailleurs faite en un temps record. Tout a été manœuvré entre le départ annuel des pélicans en septembre 2019 et terminé pour leur arrivée en février 2020. Le but : augmenter de seize hectares leur territoire de nidation. Avec l’installation d’une nouvelle plage et de brise-lames, tout a été pensé pour la naissance de nouveaux poussins dans la colonie. Ainsi, 1500 pélicans ont été aperçus en mars 2020 et la population continue d’augmenter. Une nouvelle qui donne de l’espoir pour une faune enfin rééquilibrée.
Sources : National Geographic, Louisiana Wildlife & Fisheries, Endangered Species Act
Crédits photos : Joanna Szumska Michael Busch