Pandémie : vers la fin du pétrole ?
Le pétrole est la principale source d’énergie de la société moderne. Mais la pandémie nous montre que nous pouvons, du moins en partie, nous en passer. Un recul de l’ordre de 8 % est prévu sur l’année, du jamais vu.
Un déclin progressif, mais accéléré par la crise
Au plus fort de la récession, en avril-mai 2020, la demande quotidienne de pétrole est tombée de 100 millions à 70 millions de barils. Le lundi 20 avril 2020, sur le New York Mercantile Exchange, le brut texan a terminé la séance à − 38 dollars le baril. En d’autres termes, cela signifie que les détenteurs de brut étaient prêts à payer ce prix pour s’en débarrasser, incapables de le stocker dans des réservoirs et des tankers pleins à ras bord.
Les valeurs pétrolières reculent depuis des années en Bourse. Leur seul intérêt pour les actionnaires : les généreux dividendes qu’ils perçoivent. Mais le risque du réchauffement climatique pousse les actionnaires et les investisseurs à quitter le navire. La question de la pérennité du marché pétrolier face au climat et aux ressources pétrolières qui s’épuisent est posée.
A Wall Street, la centenaire ExxonMobil vaut sept fois moins qu’Apple ou Microsoft. Total, longtemps en tête du CAC 40, pèse désormais deux fois moins (91 milliards d’euros) que LVMH (191 milliards).
Un monde sans pétrole ?
Ces tendances à la réduction de la consommation de pétrole peuvent s’affirmer. Limitation des voyages en avion, percée des véhicules électriques, développement de l’hydrogène comme à la SNCF, qui va supprimer tous ses trains diesel d’ici à 2030-2035, réduction du transport maritime sous l’effet de relocalisations industrielles, chasse au plastique, ce poison des océans… Ces évolutions ne promettent pas un avenir radieux à l’or noir.
Mais la réponse se trouve dans la demande. S’il y a toujours des consommateurs en 2070, il y aura toujours du pétrole à leur disposition. Même si les grandes multinationales comme Exxon, Chevron, Shell ou Total auront à cette date disparu ou se seront converties totalement à l’énergie verte, il restera la fourniture des pays producteurs qui vendent directement déjà plus des deux tiers du pétrole de la planète. Et ceux-là sont beaucoup moins sensibles aux arguments des activistes de Londres ou de Wall Street. Les pétroliers tablent donc sur une production réduite de moitié en 2050 par rapport à celle d’aujourd’hui.
Pour l’Europe, qui aspire à la neutralité carbone, la clé pour y arriver réside dans le durcissement progressif de ses normes. Elle le fait déjà dans l’automobile, et dans l’adoption d’une taxe carbone qui rentabilise les technologies alternatives comme les batteries électriques ou l’hydrogène. Avec l’espoir que l’effet d’entraînement soit suffisant pour convaincre Indiens, Chinois, Indonésiens ou Brésiliens qu’un monde sans pétrole n’est pas une utopie. Une tâche immense.
Global Goodness vous suggère : Une séparation accélérée entre l’Europe et le charbon
Sources : Le Monde, AFP
Crédit Photo : Zbynek Burival et Natalie Scott via Unsplash
L’équipe de Global Goodness accorde beaucoup de valeur à la qualité de la langue. Mais, comme personne n’est parfait, elle utilise quotidiennement Antidote.
Encouragez-nous si vous aimez lire des histoires positives.