Au Costa Rica, la citoyenneté pour les insectes pollinisateurs et les plantes indigènes
En mai 2020, la ville de Curridabat a offert aux pollinisateurs et aux plantes indigènes un statut juridique. Ils peuvent désormais être défendus devant des institutions judiciaires. Une politique écologique audacieuse.
Une mesure dans la continuité des politiques costaricaine
Petit pays de 5 millions d’habitants à la jonction de l’Amérique du Nord et du Sud, le Costa Rica ne couvre que 0,03 % du territoire mondial. Pourtant, ses 51 100 kilomètres carrés abritent plus de 6 % de la biodiversité connue de notre planète.
Grâce à une politique audacieuse de protection de l’environnement menée depuis les dernières décennies, un quart du pays est aujourd’hui devenu un « espace naturel protégé ». La forêt recouvre désormais 52 % du territoire national, contre seulement 20 % dans les années 1980.
Le Costa Rica détient le plan climat le plus ambitieux du monde. Alors que son énergie est déjà issue à 99 % de sources renouvelables, le pays d’Amérique Centrale ambitionne d’atteindre la neutralité carbone en 2050, et met tout en œuvre pour y parvenir.
Mais depuis une vingtaine d’années, le pays fait face à un exode rural inédit, en particulier vers sa capitale, San José. Elle concentre à elle seule la moitié de la population. Motivés par le chômage et le monopole de l’agriculture par de grandes firmes étrangères, ces déplacements massifs ont augmenté la pollution et provoqué une urbanisation chaotique, ainsi qu’une dégradation du niveau de vie dans les villes.
Repenser le rapport entre la nature et la ville
C’est ainsi que la municipalité de Curidabat a entrepris de transformer son paysage urbain. Le projet consiste à planter à travers toute la ville des arbres d’espèces locales, créer des espaces verts et des « bio-couloirs », à savoir des rues plantées, que les pollinisateurs (abeilles, colibris, chauves-souris, papillons…) pourraient emprunter pour se déplacer d’un espace vert à un autre.
Le but ? Reprendre l’urbanisation en main, réintroduire la nature dans les villes et subordonner le développement de celles-ci au paysage. Mais aussi traiter à leur juste valeur et assurer la protection des pollinisateurs.
« Les pollinisateurs sont les consultants du monde naturel, les reproducteurs suprêmes, et ils ne le font pas payer » – Edgar Mora, ancien maire de la ville
À terme, chaque rue est destinée à devenir un corridor biologique et chaque quartier, un petit écosystème. Ce projet s’intègre plus largement dans une politique nationale de réduction des structures, des déchets et des véhicules polluants. Les pollinisateurs sont indispensables pour y parvenir. Et c’est ainsi qu’ils sont devenus citoyens d’honneur de la ville !
Sources : La relève et la Peste
Crédit photo : Yuichi Kageyama, Etienne Delorieux, https://nicaragua-decouverte.com/costa-rica-decouverte-participe-au-projet-rutas-naturbanas/
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