Un budget du bien-être en Nouvelle-Zélande
Le 30 mai 2019, le gouvernement néo-zélandais votait un budget du « bien-être », se basant sur des indicateurs socioécologiques nouveaux.
Passer après la tempête
La première ministre, Jacinda Ardern, le confesse elle-même, 2020 a été « franchement horrible ». Et pour cause. D’abord un confinement prolongé dû au coronavirus à Auckland, la plus grande ville du pays. De plus, les attentats de Christchurch de 2019 reviennent dans l’actualité par le procès du terroriste d’extrême droite coupable des massacres. Enfin, les élections qui approchent politisent et instrumentalisent tous ces sujets.
Pourtant la première ministre pourrait porter son bilan comme seul argument de campagne pour son parti. Un mois après les attentats de 2019, elle s’attelle à rebâtir la confiance en son gouvernement, en faisant voter au parlement un « Budget du bien-être ». La Nouvelle-Zélande faisait alors face à de nombreux défis sociaux. Le pays se développant, les inégalités économiques ne faisaient qu’accroitre. Aux voix des travailleurs précaires s’ajoutaient celles des natifs de l’archipel (les Maoris) et des nombreux angoissés et dépressifs chroniques, en plus de celles, à plus grande échelle, de l’urgence environnementale.
Gouverner autrement
Le budget 2019 est donc élaboré en prenant en compte, non pas le PIB du pays (produit intérieur brut) comme horizon des politiques publiques, mais l’indice de bien-être de la population. Certe, celui-ci inclut des facteurs économiques (emploi, niveau de vie…), mais aussi des considérations plus sociales (logement,
liens sociaux, éducation, qualité de l’environnement de vie…).
Concrètement, l’État investit massivement dans plusieurs secteurs phares : bien-être infantile, condition des natifs, services publics, transition de l’économie vers une croissance durable, santé, éducation. Par exemple, 1,9 milliard de dollars néo-zélandais iront au secteur de la santé mentale et 320 millions à la lutte contre les violences familiales. Pour le gouvernement, « Ce n’est pas parce qu’un pays s’en sort bien économiquement que tous ses habitants s’en sortent ». La Nouvelle-Zélande table sur une forte croissance (autour de 2,7 %) pour mener à bien ses réformes. Les bénéfices de cette croissance seront reversés aux citoyens à travers ce budget bien-être, afin d’améliorer le bonheur collectif.
Cette initiative océanique n’est pourtant en réalité que la mise en marche politique d’un mouvement beaucoup plus vaste. En effet, c’est dans les années 1970 que le roi du Bhoutan Jigme Singye Wangchuck théorise un « indice national de bonheur brut », appliqué en 2008 par le gouvernement bhoutanais pour évaluer ses politiques publiques. Depuis, le Royaume-Uni, la Finlande, l’OMS ou encore l’OCDE en 2011 développent des indicateurs similaires. Cela pourrait laisser présager un mouvement bien plus global, mettant de nouveau le bien-être des citoyens au cœur des préoccupations des gouvernements.
Sources: The Guardian, Le Monde, treasury.govt.nz
Crédit photo: photographies officielles Gouvernement Néo-Zélandais
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