Le « modèle Preston » : l’économie au service des citoyens
En 2013, Preston au Royaume-Uni entame de larges modifications dans l’économie municipale. Depuis, la ville retrouve l’emploi et le bien-être.
Constat d’échec
Preston est une ville de 141 000 habitants près de Manchester. En 2011, le conseiller municipal Matthew Brown déplore les dommages causés aux villes moyennes par la crise de 2008 et les politiques nationales d’austérité qui l’ont suivie. Les projets de rénovations urbaines ont été abandonnés, les budgets restreints, le nombre de fonctionnaires diminué. En conséquence, ces municipalités moyennes n’attirent plus les investissements extérieurs, la pauvreté s’envole, les suicides augmentent.
Surtout, Matthew Brown constate que la majorité des activités ne profitent que très peu à l’économie locale, mais plutôt aux compagnies londoniennes ou étrangères. C’est pourquoi il appelle à l’aide le CLES (Center for Local Economic Strategies, « Centre pour des stratégies économiques locales »). Cet organisme national identifie les plus importantes institutions de la ville. À elles six, elles avaient un pouvoir d’achat annuel cumulé de 750 millions de livres sterling. Toutefois, sur 20 livres qu’elles dépensaient, une seule restait à Preston.
Le « modèle Preston »
Le CLES n’est pas sorti seul de terre. Il s’inspire des expériences faites à Cleveland aux États-Unis. La stratégie municipale y est d’empêcher les ressources financières locales de « s’échapper » au profit d’entreprises et d’actionnaires extérieurs. Ensuite, développer des activités économiques locales en tirant parti des achats et investissements des institutions publiques (hôpitaux, universités, administrations…).
À Preston, Brown a d’abord augmenté les salaires des employés municipaux. En plus de s’appuyer sur les marchés publics comme à Cleveland, les firmes locales qui fournissent les institutions publiques deviennent des coopératives de salariés. Les profits générés reviennent ainsi directement aux travailleurs de la communauté plutôt qu’à des investisseurs extérieurs. De plus, une banque communautaire est en création. 100 millions de livres ont déjà été placés dans un fonds d’investissement local. Enfin, de nouvelles normes environnementales et sociales sont imposées pour toutes les entreprises souhaitant bénéficier de contrats publics.
Une nouvelle politique municipale
Le modèle Preston est déjà un succès. En 2018, elle a été désignée comme la ville « s’étant le plus améliorée » du Royaume-Uni selon le Good Growth for Cities Index. Le taux de pauvreté recule, les marchés couverts ont rouvert, avec des producteurs locaux. Logiquement, Brown est élu président du conseil municipal de Preston en 2018.
De plus en plus de villes dans le monde s’intéressent alors à cette approche. Le CLES a présenté ses concepts à plus de 40 conseils municipaux au Royaume-Uni. Ailleurs, Pampelune (Espagne), Kavala (Grèce), Bistrita (Roumanie) et Koszalin (Pologne) étudient en profondeur les dépenses de leurs villes pour s’orienter vers une économie de marchés publics. Le Labour Party, lui, s’est doté d’une unité consacrée à intégrer les principes du CLES à son programme. Dans tous les cas, la popularité du « modèle Preston » rappelle que le rôle du politique est avant tout d’assurer le bien-être de ses citoyens.
Sources : France Inter, Ritimo : Villes Contre Multinationales, The Next System
Crédit Photo : The Next Sytem Project
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