Des masques biodégradables aux Philippines
Une entreprise philippine développe des masques biodégradables en fibre de feuille. Une initiative qui fait correspondre environnement et santé.
Des « déchets de coronavirus »
En période de Covid, il n’est pas rare de voir des masques N95 et des gants en latex dans les rues, sur les plages et dans les campagnes. Les défenseurs de l’environnement les appellent les « déchets de coronavirus ». L’ONU estime que 75 % des plastiques utilisés dans la protection contre le coronavirus se transforment inéluctablement en déchet. La plupart s’ajoutent au 8 millions de tonnes métriques de plastique déjà présents dans les océans. À ce rythme, les chercheurs projettent qu’il y aura plus de plastique que de poissons dans l’océan d’ici 2050.
De plus, la crise sanitaire a fait passer au second plan l’urgence climatique, et l’approvisionnement en masques a supplanté les efforts des gouvernements vers la suppression des plastiques à usage unique.
Solution philippine
Une société basée aux Philippines, Salay Handmade Products Industries inc., a mis au point une solution :
des masques biodégradables en fibre de feuille d’abaca. Cet arbre cousin du bananier est apprécié pour sa grande résistance à l’eau et sa rigidité, autant que du polyester. Des masques en fibres d’abaca se décomposent dans la nature en deux mois.
L’usage de l’abaca s’est répandu au cours de l’histoire. D’abord en pâte solide pour protéger les cargaisons au XIXe siècle, il est aujourd’hui utilisé dans la confection de sachets de thés, de billets de banque, de papier, et même dans les voitures Mercedes. Sa résistance à l’eau et son filtre naturel à particules remplissent les critères internationaux pour en faire des masques efficaces.
Pour l’heure, son seul défaut est son prix, bien plus cher qu’un masque chirurgical standard à usage unique. Toutefois, les Philippines, qui représentent 85 % de l’offre mondiale d’abaca, comptent sur une forte demande. 10 % de leur production se concentre sur l’usage médical de ces fibres, et les usines doublent leur production. Logique, puisque les pays alentour22 s’intéressent de près à l’initiative, à l’image des fabricants chinois, indiens ou vietnamiens. Ainsi, si la demande d’abaca augmente, son prix risque vite de diminuer. Si tous les pays décident de réconcilier protection sanitaire et protection de l’environnement, les masques en abaca pourront devenir la nouvelle norme.
Sources: europeansting, Oceanasia, Bloomberg
Crédit photos: image à la une : @TYRATOYADO/Twitter ; illustration : culture artisanale des fibres d’abaca, Philippines, Ronald Tagra/ Creative Commons
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