C2 Montréal, un entretien avec : Mark Tercek
L’édition 2019 de la conférence C2 Montréal avait pour thème « Demain ». Demain, c’est l’espoir, les générations futures, le progrès technique et scientifique… Demain, c’est aussi une accumulation de problèmes majeurs. Demain, c’est en fait bientôt aujourd’hui. Pour se réinventer demain, l’homme doit innover. Aujourd’hui, nous partageons notre entrevue avec Mark Tercek, directeur de The Nature Conservancy. Nous avons parlé de sa vocation tardive d’environnementaliste, mais aussi du rôle des entreprises dans la protection de l’environnement et de la nécessité de s’unir pour la planète.
Nous sommes tous des environnementalistes
Mark Tercek est actuellement le Directeur de The Nature Conservancy (TNC), plus grande association de protection de la nature. Pourtant, son parcours est loin du profil « activiste » souvent associé à de telles organisations. À l’origine, Mark Tercek gère des portefeuilles d’investissement chez Goldman Sachs. Il admet ainsi s’être sensibilisé relativement tard aux questions environnementales, notamment avec la naissance de ses enfants.
« En tant que parents, nous avons fait l’effort de faire découvrir la nature à nos enfants. Nous organisions alors de petits voyages, j’ai lu pas mal de livres et je suis devenu intéressé par ces questions assez tard dans ma vie. C’est pour ça que je considère qu’on est tous des environnementalistes au fond de nous. »
Du banquier à l’environnementaliste
Comme banquier chez Goldman Sachs, Tercek était persuadé que le monde de l’entreprise pouvait être une force positive pour la société. Il s’est alors interrogé sur le rôle que pouvaient jouer les entreprises dans les défis liés à l’environnement. Mark Tercek s’est également rendu compte qu’il souhaitait plus que simplement gérer des portefeuilles.
« J’ai découvert assez tard dans ma vie que j’aimais diriger dans ce genre de domaines innovants. Je me suis dit pourquoi ne pas diriger une organisation qui utilise des solutions inspirées du secteur privé pour le bien de la planète. »
Après avoir travaillé à construire un effort pour l’environnement chez Goldman Sachs, il a été retenu comme directeur de TNC. À la tête d’une telle organisation, Tercek est encore plus convaincu que le business peut agir en faveur de l’environnement.
Investir dans l’environnement
Mark Tercek a plus de quinze ans d’expérience dans le monde des affaires. Il affirme ainsi qu’investir dans l’environnement est une décision qui a du sens pour les entreprises.
« Si tu es un bon chef d’entreprise, cela signifie que tu peux voir au-delà, te projeter, considérer les risques auxquels ton entreprise pourrait faire face, établir des probabilités. Il est vrai qu’aujourd’hui, lutter contre le changement climatique n’est pas sans coûts. Mais c’est évident que les coûts associés à un déni du changement climatique sont bien plus élevés ! C’est le genre de chose qu’un chef d’entreprise avisé doit comprendre. Ils peuvent être de bons lobbyistes en utilisant des arguments économiques. »
Dans cette approche entrepreneuriale de l’environnement, Tercek propose la notion de capital naturel. L’idée est de développer des instruments pouvant associer une valeur monétaire à des ressources naturelles. Cela permettrait de débloquer un capital nouveau puisque la nature deviendrait une source potentielle d’investissement pour les entreprises.
Construire une coalition pour l’environnement
À la tête de TNC, Mark Tercek est donc conscient de ces deux choses. Premièrement, nous aimons tous la nature et nous sommes donc tous des environnementalistes au fond de nous. Deuxièmement, les entreprises peuvent agir pour le bien de l’environnement. Pourtant, le principal obstacle que rencontrent les associations de préservation de l’environnement aujourd’hui est l’absence de coalition.
« Aux États-Unis notamment, nous avons laissé les problèmes environnementaux et le changement climatique devenir des questions partisanes. »
Le principal objectif de Tercek chez TNC est donc de trouver un terrain d’entente entre des acteurs divers.
« Républicains, démocrates, habitants des villes ou des campagnes, personnes âgées, jeunesse, scientifiques, banquiers, fermiers, nous dépendons tous d’un écosystème sain. La plupart s’inquiètent pour les générations futures, s’inquiètent pour les autres espèces, donc je suis optimiste. L’agriculture pèse lourd dans l’économie des régions à majorité républicaine du Sud et les habitants le reconnaissent : le réchauffement de la planète a un impact direct sur les récoltes. »
Tercek reste tout de même conscient que certains électeurs ne croient pas au changement climatique et en réfutent les bases scientifiques. Loin de chercher à débattre sur les fondements même de ce problème majeur, il assure qu’il n’a pas besoin de rallier tout le monde à sa cause.
« Dans les états démocratiques, tu as juste besoin d’une majorité solide, d’une coalition. Nous devons donc construire dans les pays démocratiques des coalitions politiques pour l’environnement. »
De l’espoir pour les générations futures
Même s’il reconnait que lutter contre le réchauffement climatique est la chose la plus difficile que l’homme a jamais essayé de faire, Mark Tercek a foi en l’avenir. Il s’émerveille d’ailleurs des jeunes générations qui font entendre leur voix quant aux questions environnementales.
« Tu peux voir dans les écoles tout autour du monde des enfants qui se lèvent pour un climat stable, qui reprochent aux générations passées de détruire leur futur. C’est puissant ! »
Propos recueillis par Global Goodness lors de l’événement C2 Montréal 2019.
Crédits photos : The Nature Conservancy, Twitter C2 Montréal
Deviens un acteur de changement en participant financièrement au rayonnement de Global Goodness.
L’équipe de Global Goodness accorde beaucoup de valeur à la qualité de la langue. Mais, comme personne n’est parfait, elle utilise quotidiennement Antidote.