Si la plupart des grandes chaînes de cafés proposent aujourd’hui une connexion internet gratuite, certains cafés proposent de bannir toute présence numérique. Objectif : rappeler les valeurs ancestrales du café, qui sont le dialogue et la convivialité.
La scène est classique. À l’intérieur d’un café, une table ronde, autour de laquelle cinq personnes se sont retrouvées pour prendre un verre. Problème? Sur ces cinq personnes, deux d’entre-elles ont les yeux baissés sur le téléphone, sans prêter la moindre attention aux autres. Et si les deux bavards n’ont pas leur téléphone entre leurs mains, il est tout de même posé sur la table! En cas de besoin… De nos jours, une discussion ne tient qu’à une notification push. Si bien que l’intérêt initial d’un café ou d’un pub – un lieu convivial qui favorise les discussions – a perdu de sa superbe, explique la BBC qui a consacré un article au sujet.
Afin de renouer avec cet intérêt initial, il existe désormais des établissements qui choisissent tout simplement d’opter pour la confiscation! Pendant que certains optent pour la confiscation matérielle, principe qui consiste à demander au client de laisser son téléphone à l’entrée de l’établissement, d’autres préfèrent la privation de réseau WiFi, comme ce pub anglais situé à proximité de Brighton. Dès lors que le client entre dans l’enceinte du bar, il lui est impossible de capter le moindre réseau. Un véritable bunker! Devant ce néant numérique, les clients n’ont donc nul autre choix que celui… de discuter.
L’absence de smartphone augmente les ventes
Les cafés où les smartphone, tablettes tactiles et autres ordinateurs portables ne sont pas – ou plus – les bienvenues se multiplient. À l’intérieur du Kibbitznest, un café situé dans le quartier de Lincoln Park, à Chicago, pas l’ombre d’une notification ou bruit de clavier. Cette petite chaîne de cafés est l’anti-Starbucks ou Caffè Nero – et la plupart des grandes chaînes – qui offrent la connexion WiFi. Ces espaces ressemblent de plus en plus à des rangées de travailleurs armés de leurs ordinateurs portables, qui transforment les cafés en lieu de travail, bannissant ainsi complètement l’intérêt du café. C’est le combat de Kibbitznest: sensibiliser sur le déséquilibre entre l’utilisation des outils technologiques et la communication verbale.
Ces cafetiers un tantinet réactionnaires qui prônent un retour aux valeurs initiales d’un café et favoriser l’intéraction sociale se multiplient aux États-Unis, en Grande-Bretagne, et ailleurs. Selon un rapport Nielsen publié en 2016, les Américains passent plus de dix heures par jour devant leurs outils numériques. Jodi Whalen et son mari Phil Merrick, propriétaires d’un bar (situé à Burlington, aux États-Unis) ont connu l’avant et l’après internet dans leur établissement. Fatigués de voir leurs clients s’installer, commander, puis consommer internet sur leur ordinateur ou leur smartphone, ils décident de supprimer la connexion WiFi (dans un premier temps), puis les ordinateurs portables. Résultat, mis à part quelques réactions hostiles au début, la clientèle finit par s’adapter. La fréquentation et les ventes ont même fait un bond de 20% contre 6% l’année précédente, précise le couple à la BBC.
Bannir les smartphone serait-il rentable pour un cafetier? Dans son livre «The Great Good Place», le sociologue américain Ray Oldenburg présente le «café» comme un espace de rassemblement indispensable à notre santé personnelle et à celle de la société dans son ensemble. Autrement dit, un café où les discussions vont bon train est un signe bienfaiteur. En revanche, le même espace où se rassemblent des dizaines d’individus les yeux rivés sur leur smartphone – ou tablette – l’est beaucoup moins….
Source: Le Figaro