Du homard recyclé en plastique
Au nom de l’urgence climatique, le meilleur plastique est celui que l’on ne consomme pas. Mais à l’heure de la transition écologique, toute initiative percutante est bonne à prendre. C’est le cas de « The Shellworks », une jeune entreprise britannique qui propose un plastique biodégradable fait à base de carapaces de homards.
Du homard au sac plastique
Alors que 10 millions de tonnes de déchets plastiques sont rejetées en mer chaque année, Shellworks a mis au point un produit plus respectueux de l’environnement. Un plastique recyclable, biodégradable et fait à partir d’un matériau habituellement négligé, les carapaces de homards.
Si Shellworks s’intéresse à ces coquilles, c’est pour une molécule : la chitine (prononcé ki-tine). On la retrouve chez les insectes, chez les crustacés et, plus surprenant, dans les champignons. Présente dans le monde animal et végétal, la chitine est le deuxième biopolymère (toute substance moléculaire produite par les êtres vivants) le plus abondant sur Terre. Si Shellworks n’utilise aujourd’hui que la chitine présente chez les homards, c’est parce que la molécule compose 30% de leurs carapaces.
Fondés en 2017 par quatre étudiants, l’entreprise récupère les précieuses carapaces auprès de restaurants participants. Ensuite, les coquilles sont broyées en fine poudre. Grâce à un extracteur conçu par leurs soins, les fondateurs peuvent extraire la chitine du broyat. En la mélangeant à du vinaigre, on en obtient un bioplastique liquide et donc modulable. Enfin, Shellworks moule le mélange en sac plastique mais aussi en pot de fleurs ou en gobelet.
Quel avenir pour cette innovation ?
Le grand inconvénient du plastique traditionnel, c’est sa durée de vie : 400 ans. Seuls 9% des produits plastiques sont recyclés à l’échelle mondiale. De fait, les autres viennent polluer terre et mer. À l’inverse, le plastique de chitine se dégrade en moins d’un an. Mieux, il est un fertilisant naturel pour les sols. La chitine pourrait donc assurer une transition douce vers un monde sans plastique.
Selon les fondateurs, il existe suffisamment de restaurants spécialisés dans le homard au Royaume-Uni pour fabriquer 7,5 millions de sacs à base de chitine par année. Néanmoins, les Britanniques ont utilisé un milliard de sacs plastiques en 2018. Le potentiel de la chitine peut donc paraître dérisoire. Toutefois, il faut rappeler que, grâce aux efforts de chacun, la consommation de plastique baisse. Toujours au Royaume-Uni, « seuls » 500 millions de sacs plastiques ont été nécessaires en 2019. Une consommation réduite de moitié en un an ! De plus, Shellworks et d’autres étudient la possibilité d’exploiter la chitine présente dans d’autres crustacés, chez les insectes et dans les champignons. Même si il est difficile d’estimer la quantité de chitine que cela représente, l’ensemble constitue un potentiel indéniable.
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