100 000 foyers indiens produisent leur énergie solaire
Habitant à deux pas d’une centrale thermique, Aparna Singh est d’autant plus fière de parler de son panneau solaire qu’elle a installé sur son toit. Les 80 watts que produit ce dernier lui permettent d’éclairer son foyer la nuit tombée, de permettre à son fils de faire ses devoirs.
« Il joue vraiment un rôle vital dans nos vies, car en Uttar Pradesh (région pauvre du nord du pays) l’électricité est erratique. Parfois, nous ne l’avons que dix heures par jour, parfois pendant deux mois le transformateur attend d’être réparé », raconte cette professeure d’anglais.
La start-up Simpa, qui a fourni son kit solaire à Aparna et sa famille, a équipé en quelques années 100.000 personnes qui n’avait pas, ou mal, accès à l’électricité. Ses clients, des populations rurales ou de petites échoppes, peuvent s’équiper via un petit prêt, remboursable en modestes mensualités.
Plus d’une vingtaine de dirigeants venus d’Asie, d’Afrique ou d’Océanie pour lancer officiellement l’Alliance solaire internationale (Asi) se sont unis pour une coalition issue de la COP21. En effet, New Delhi promet ainsi de réduire l’intensité carbone de son PIB de 35 % d’ici 2030 par rapport à 2005.
« Nous devons lever tous les obstacles et changer d’échelle » pour développer l’énergie solaire, a lancé M. Macron à l’ouverture du sommet de l’Asi, qu’il copréside avec le Premier ministre indien Narendra Modi.
De plus, Emmanuel Macron et Narendra Modi ont inauguré, lundi 12 mars, une centrale solaire de 100 MW à Mirzapur, près de Varanasi (Bénarès), construite par le groupe français Engie.
« L’enjeu de cet engagement, c’est d’aller beaucoup plus vite en utilisant l’argent public pour débloquer les investissements des entreprises privées », a expliqué Rémy Rioux, directeur général de l’Agence française de développement (AFD).
Troisième pollueur de la planète, avec 4 % des émissions polluantes, l’Inde inscrit un tournant dans son paradigme énergétique. Prenant en compte sa croissance démographique exceptionnelle et les besoins de chacun, il apparaît évident qu’à long terme les énergies fossiles disparaîtront pour laisser place au durable.
C’est dans cette lutte contre l’empreinte de l’homme sur la planète que se lance l’Inde. Heureusement, le contexte s’y prête, les coûts des panneaux solaires ayant chuté. Le solaire y progresse donc à la vitesse de la lumière.
« Aujourd’hui, le solaire est à parité, et même en dessous des tarifs de l’énergie thermique. Donc c’est intéressant pour le gouvernement indien de développer cette énergie, ainsi que l’éolien d’ailleurs », explique Philippe Serres, responsable Asie du Sud de l’agence française Proparco, qui a pris une participation dans cette entreprise.
Enfin, pour atténuer la dépendance du pays au charbon, le nationaliste hindou Narendra Modi a fixé un objectif ambitieux : multiplier la production solaire par 25 en sept ans, pour la porter à 100 gigawatts (GW) en 2022.
New Delhi veut produire 40 % de son électricité à partir d’énergies renouvelables à l’horizon 2030. En lançant l’Alliance solaire, Paris et New Delhi se présentent en pointe de la lutte contre le réchauffement climatique, en particulier après l’annonce du retrait des États-Unis de Donald Trump de l’accord de Paris de 2015.
Source : La croix, France24