La grappe québécoise des technologies propres compte déjà 500 entreprises qui donnent de l’emploi à plus de 33 000 personnes. Or, «les mots « technologies propres » et « ingénieur » sont pratiquement synonymes, affirme Denis Leclerc, président d’Écotech Québec. Dans ce secteur, l’ingénieur occupe le poste pivot.»`
C’est le cas dans trois entreprises où de nouvelles technologies en sont à leurs premières armes. Chez Écofixe, une entreprise démarrée en 2009, les choses ont pris leur envol en 2013 quand Marisol Labrecque, fille du fondateur, diplômée en génie industriel de Polytechnique et en gestion des opérations et de la production industrielle de HEC Montréal, est venue aider son père à mettre au point le concept qu’il avait imaginé.
Il s’agissait de développer un bioréacteur qui, une fois implanté dans un champ de traitement d’eaux usées, permettrait d’accroître sa capacité de traitement sans l’agrandir. Les compétences techniques et opérationnelles de Mme Labrecque étaient parfaitement adaptées au défi car, comme elle le dit, «il ne suffit pas de proposer une technologie, mais il faut aussi comprendre le besoin du client pour lui offrir un système global performant».
Dans une série d’essais et erreurs, Écofixe a mis au point un système qui accroît l’efficacité des champs de 15 à 30 %, tout en préservant leur empreinte existante. Trois installations industrielles ont été faites à ce jour, et l’entreprise attend les certifications nécessaires pour passer au vaste marché des municipalités.
Le CO2, c’est béton
Carbicrete est la création de Mehrdad Mahoutian et de Chris Stern, tous deux ingénieurs. Tout a commencé par un projet de doctorat de M. Mahoutian au Département de génie de l’Université McGill qui l’a mené à mettre au point un nouveau type de béton dans lequel le ciment est remplacé par un amalgame de CO2 et de scories de métal, un important rejet de l’industrie métallurgique.
Le produit mis au point présente quatre avantages majeurs, affirme l’entrepreneur. Tout d’abord, le bilan CO2 de l’industrie du ciment est accablant, chaque tonne de ciment produit générant une tonne de CO2. Or, les 2 kg de ciment d’un bloc de béton standard sont remplacés, dans un bloc Carbicrete, par 2 kg de CO2 amalgamés à des scories métalliques. Ainsi, non seulement fait-on l’épargne de 2 kg de CO2 dans l’atmosphère, mais on séquestre aussi 2 kg de CO2 dans du béton.
Ce n’est pas tout. Le béton Carbicrete est plus dur que le béton courant. Il est capable de subir une compression de 30 à 40 % supérieure. Et il est plus économique de 20 %, «essentiellement parce que nous éliminons le recours au ciment», note M. Stern. Enfin, l’acheteur de blocs Carbicrete bénéficiera d’un crédit carbone dont la valeur variera selon les prix des bourses de carbone.
Le programme du gouvernement fédéral visant à abolir la production électrique à partir du charbon bitumineux d’ici 2030 devrait favoriser la technologie d’Airex Énergie. En effet, cette entreprise a mis au point un four de torréfaction qui produit du biocharbon pouvant remplacer le charbon bitumineux. Une fois éliminé ce dernier, qui a l’avantage de produire 27 mégajoules par kg brûlé, le biocharbon, capable de générer 22 mégajoules par kg, devient la solution de choix, car il peut être presque directement substitué au charbon ordinaire, explique Guy Veilleux, vice-président ingénierie d’Airex.
La centrale au gaz d’Atikokan, en Ontario, a été convertie au coût de 170 millions de dollars au brûlage de granules de bois, une matière première qui ne produit que 18 mégajoules par kg. Une autre centrale, à Thunder Bay, qui utilise maintenant le biocharbon, n’a déboursé que 5 M$ pour sa conversion.
Source: Les Affaires