Le Gange vient d’obtenir le statut d’entité vivante. Cette décision a été prise dans le but de protéger ces eaux sacrées pour des centaines de millions de personnes, qui figurent aussi parmi les plus polluées au monde.
En 2014, Narendra Modi est élu Premier ministre de l’Inde, il fêtera alors sa victoire sur les bords du Gange. L’un des points forts de sa campagne est la promesse de dépolluer le Gange qui fait figure de puissant symbole religieux pour les hindouistes, le fleuve étant même surnommé « Mère » par la plupart d’entre eux. Si Narendra Modi n’est pas le premier à faire cette promesse, il est perçu comme le nouvel homme fort de l’Inde et cette réussite permettrait de renforcer son prestige national. La dépollution du Gange constitue une priorité nationale et un budget a été alloué pour cet objectif à la hauteur de 3 milliards d’euros ; un dixième de cette somme a déjà été dépensée et l’ampleur du chantier est immense. En effet, un simple nettoyage ne suffit pas, il faut mettre sur pied une stratégie de traitement des eaux, de tri et de gestion durable des déchets.
Chaque jour, 7 milliards de litres de polluants sont déversés dans les eaux du Gange en plus des divers eaux usées domestiques, de métaux lourds et de carcasses d’animaux. Selon l’OMS, la pollution du fleuve est 3 000 fois supérieure aux recommandations et est responsable de nombreuses maladies chez l’animal et chez l’Homme (le Gange est source d’eau pour de 500 millions de personnes). Les 22 kilomètres du Gange qui traversent New Dehli sont par ailleurs déclarés comme écologiquement morts.
Entre bonne nouvelle et flou judiciaire
Swarup Singh Pundir, un citoyen indien, a pris les devants et enclenché les démarches de reconnaissance du Gange en tant qu’entité vivante afin de sauver son village auprès de la Haute Cour Nationale. En effet, l’implantation d’une décharge sur un terrain municipal inondé à chaque mousson ne ferait qu’empirer l’état du fleuve ainsi qu’étendre les déchets sur la surface du village. Les juges ont alors convoqué le Gange comme partie prenante et ont renoncé à la construction de cette décharge ; c’est une véritable victoire pour les habitants du village et une avancée considérable pour la protection du fleuve.
Le Gange est donc devenu une entité vivante, ce statut lui incombe donc 3 responsables légaux dont le Président du programme gouvernemental de nettoyage du Gange, Up Singh. Ce nouveau statut mis en place est donc sûrement le début de quiproquos judiciaires et d’un autre côté, une législation ne devrait pas tarder à être mise en place afin de punir quiconque portera atteinte au Gange, les sanctions pouvant aller jusqu’à 7 ans de prison.
Source : La Relève et la Peste