Située à 20km de Ouarzazate, la nouvelle extension de la centrale solaire de Noor occupera une surface de 137 hectares avec une production de 72 mégawatts
CHANTIER. C’est la dernière étape d’un projet qui en comportait quatre. Le roi du Maroc, Mohammed VI, a lancé samedi 1er avril 2017 la construction du dernier volet du projet Noor, une gigantesque centrale phovovoltaïque située à 20km de Ouarzazate, aux portes du désert. Ce dernier segment de la centrale (Noor IV) sera développée sur une surface de 137 hectares et aura une capacité de production de 72 mégawatts, a indiqué l’agence officielle MAP. Une production électrique qui correspond aux besoins énergétiques de 17.000 foyers. Mobilisant un investissement de 750 millions de dirhams (70 millions d’euros), elle produira de l’énergie électrique directement à partir du rayonnement solaire capté par des cellules semi-conductrices.
L’originalité de cette centrale solaire est qu’elle exploite plusieurs technologies différentes. Le premier segment de la centrale (Noor I), dont les travaux ont commencé en mai 2013, fonctionne grâce à des miroirs courbés. Ces derniers réfléchissent l’énergie du soleil pour chauffer des tubes contenant un fluide caloporteur. Sa température s’élève à plusieurs centaines de degrés, ce qui permet au fluide de produire de la vapeur à partir d’eau dans un générateur. La vapeur alimente ainsi le mouvement d’une turbine qui produit de l’électricité. Entré en service en février 2016, ce segment délivre une puissance de 160 Mégawatts. Les trois autres segments (Noor II, III et IV) sont actuellement en construction. Noor II, exploite la même technologie de miroirs incurvés que Noor I, mais devrait s’étendre sur 200 hectares de plus, et couvrir ainsi 680 hectares. Noor II devrait ainsi ajouter 200 Mégawatts à la puissance de la centrale.
Trois technologies différentes sur quatre sites
Noor III exploite pour sa part une technologie différente dite « centrale solaire thermodynamique à concentration ». Le principe est simple : une série de miroirs paraboliques font converger les rayons du soleil vers une tour centrale. Un fluide caloporteur collecte cette chaleur et la transmet à un générateur de vapeur qui met en mouvement une turbine. Ce segment contribuera à hauteur de 150 mégawatts à la puissance totale. Les travaux de Noor II et III sont avancés à respectivement 76% et 74%, selon l’agence MAP. Le segment Noor IV est le premier qui produira directement de l’électricité depuis des panneaux solaires photovoltaïques. Financée principalement par la banque allemande KfW Bankengruppe à hauteur de 659 millions de dirhams (61 millions d’euros), Noor IV entrera en service au premier trimestre de 2018, selon ses promoteurs. Elle sera exploitée par un consortium entre l’Agence marocaine pour l’énergie solaire (Masen) et la société saoudienne Acwa Power, qui avait également remporté l’appel d’offres pour les autres phases du projet. Une fois finalisé, le complexe Noor aura une capacité de production de 582 mégawatts. Ce qui en fera la seconde plus grande centrale solaire du monde derrière celle de Kamuthi, en Inde qui, installée sur une surface de 1000 hectares, totalise une puissance de 648 Megawatts.
Le Maroc, encore très dépendant d’énergies fossiles (pétrole à presque 62%, charbon 20% et Gaz 5%) presque exclusivement importées, poursuit donc son programme de transition énergétique, en ligne avec l’objectif de porter la part des énergies renouvelables dans le mix électrique national de 42% en 2020 à 52% en 2030. Elles ne représentaient que 4% en 2011. Le secteur de l’énergie au Maroc est dominé par les énergies fossiles, presque entièrement importées, qui couvrent 88,5 % de la consommation d’énergie primaire du pays en 2014 (pétrole 61,9 %, charbon 21,3 %, gaz 5,3 %) ; les énergies renouvelables contribuent pour 8,8 % et les importations d’électricité pour 2,7 %. Outre le solaire, le Maroc peut également compter sur une douzaine d’installations hydroélectriques ayant généré 2,523 Twh en 2015, ainsi qu’une quinzaine de parcs éoliens dont la puissance cumulée en 2016 était de 787 Mégawatts.
Source: ScienceEtAvenir