En 2015, Pékin a coupé l’utilisation du charbon de 3,7% comparé à 2014 et ses émissions de CO2 ont diminué de 1,5%. Il s’agit d’une avancée déterminante dans la lutte contre le réchauffement planétaire, la Chine étant de loin le plus grand émetteur de gaz à effet de serre au monde, produisant le quart des émissions mondiales.
Greenpeace salue ce progrès. Bram Claeys, de Greenpeace Europe, a affirmé que Pékin est sur la bonne voix et que «la Chine a développé son énergie renouvelable comme jamais auparavant alors que les investissements dans les renouvelables ont diminué en Europe.»
Il y a deux ans, Pékin a avancé une stratégie énergétique qui fut acclamée par la communauté internationale, incluant de nombreux groupes environnementalistes. Elle s’était donné pour objectif de faire plafonner sa consommation de charbon, d’ici 2020, et ses émissions de gaz à effet de serre pour 2030. Aujourd’hui, beaucoup de chercheurs pensent que la Chine a probablement déjà atteint son but.
Il est également possible qu’elle surpasse ses objectifs d’intensité carbonique établis en 2005, soit de diminuer de 40% à 45% les émissions de CO2 relativement à la quantité d’énergie produite pour l’année 2020. Un bon nombre d’officiels et de scientifiques croient maintenant qu’une réduction de 50% serait réalisable.
Il est raisonnable de se demander si la Chine a véritablement atteint son pic d’émissions de gaz carbonique ou s’il s’agit simplement d’une diminution fortuite, qui sera suivie d’une hausse encore plus grande dans les prochaines années. Voyons donc de plus près les données enregistrées par le Bureau National des Statistiques de la Chine pour les 6 premiers mois de l’année 2016.
Selon les observations de celui-ci, la demande chinoise en combustibles fossiles, notamment en charbon, a décru significativement durant la première moitié l’année. Le gouvernement de Pékin a décidé de bannir la construction de nouvelles mines à charbon et a ordonné la fermeture d’anciennes mines avec un faible rendement énergétique. Résultat : la production de charbon est tombée de 10% pendant la période de janvier à juin, comparativement au même laps de temps en 2015. Puisque la Chine utilise le charbon pour combler 2/3 de sa demande en énergie et que celui-ci est un combustible fossile beaucoup plus polluant que le pétrole et le gaz naturel, il s’agit là d’une bonne nouvelle pour l’environnement. Si la tendance continue, on enregistrera une nouvelle baisse des émissions de CO2 à la fin de cette année.
Les causes de ces progrès
L’une des raisons pour lesquelles on observe ces transformations positives est le changement graduel de la nature de l’économie chinoise. Pékin s’approche d’une pleine industrialisation, sa croissance ralentit et son économie se déplace petit à petit de l’industrie manufacturière vers l’industrie des services, qui est bien moins polluante.
Outre cela, la Chine veut réduire les graves problèmes de pollution qui flétrissent le pays et prévenir les potentielles conséquences des changements climatiques, puisqu’elle en serait particulièrement touché. Le gouvernement chinois s’inquiète notamment de la désertification des sols agricoles et de la montée des eaux à cause de la fonte des glaciers, pouvant submerger plusieurs grandes villes situées à basse altitude.
Malgré tout, la volonté de la Chine semble être bien alignée pour limiter ces dégâts potentiels. Le pays est devenu, en 2015, la première puissance «renouvelable» mondiale. Ses investissements dans les énergies vertes ont atteint les 110,5 milliards de dollars, soit le double des dépenses des États-Unis.
Entre 2010 et 2015, sa capacité énergétique provenant de l’énergie solaire a été multipliée par 168 et celle de l’énergie éolienne a quadruplé. La Chine est maintenant le plus grand producteur de panneaux solaires au monde et le leader en énergie éolienne, loin devant les autres pays. Lauri Myllyvirta de Greenpeace a affirmé qu’«aucun pays n’a jamais développé ses capacités de production à partir d’énergies renouvelables de façon aussi rapide que la Chine».
À la récente conférence de Paris, Pékin a promis qu’au moins 20% de sa production énergétique sera issue de sources d’énergie renouvelables d’ici 2030.
Il est impossible de prédire si la Chine a réellement atteint son plafond d’émissions de CO2 avec quinze années d’avance sur son objectif. Mais avec les récentes données, il semble probable que cela soit le cas. D’autre part, ses investissements dans les énergies renouvelables sont un pas important pour prévenir les effets les plus désastreux des changements climatiques et pourraient également inciter d’autres pays à mettre plus d’efforts dans la recherche et le développement d’énergies vertes. L’optimisme semble bien placé.
Sources : Mother Jones , The New Yorker , Libération , Agence Ecofin , Chinadialogue