Les usines d’épuration des eaux usées font aujourd’hui face à un problème de taille qu’elles n’arrivent pas encore à surmonter : celui d’éliminer le bisphénol A, les antibiotiques et autres médicaments que les eaux usées contiennent. La solution se trouve probablement dans les phytotechnologies, qui font appel à l’utilisation de plantes, affirme un chercheur de l’Université technique de Crète qui présentait les résultats de ses travaux à la 14e conférence internationale sur les phytotechnologies (IPC 2017), qui a lieu cette semaine à Montréal.
Le bisphénol A est utilisé pour la fabrication de matières plastiques. On le retrouve dans le revêtement intérieur des boîtes de conserve, dans divers contenants pour l’eau et la nourriture. Depuis 2008, sa présence est bannie dans les biberons, car il s’agit d’un perturbateur endocrinien, c’est-à-dire qu’il mime les effets de nos hormones et peut par le fait même entraîner des anomalies physiologiques et reproductrices.
Comme la flore intestinale
La technique consiste à introduire les eaux usées dans le marais, où en passant à travers les racines du jonc piquant elles s’assainissent. « Ce n’est pas que la plante qui dégrade le bisphénol A, mais aussi les micro-organismes qui sont dans la plante et autour de ses racines », souligne le chercheur, qui compare les bactéries vivant à l’intérieur de la plante à la flore intestinale chez les humains. L’équipe de M. Kalogerakis a isolé plusieurs souches bactériennes capables de dégrader le bisphénol A, dont l’une le fait en l’espace d’une journée.
« Nous pouvons récolter ces populations bactériennes et les introduire dans un nouvel emplacement où l’on désire épurer les eaux. Une fois que les plantes ont incorporé les bactéries, elles dégradent plus efficacement les composés. Cette démarche s’avère particulièrement favorable dans les situations les plus difficiles où les eaux sont également contaminées par des métaux lourds, car certains microbes accumulent les métaux lourds et les entreposent dans les vacuoles de la plante, ce qui permet d’évacuer ces contaminants de l’environnement et en même temps de dégrader les composés organiques », explique le scientifique.
Le problème des médicaments
Autre problème de taille : les autres médicaments, dont les psychotropes, que les gens jettent dans les toilettes lorsqu’ils n’en ont plus besoin, et que la plupart des usines de traitement ne sont pas en mesure d’éliminer. Encore une fois, les plantes représentent probablement la meilleure stratégie pour débarrasser les eaux usées de ces divers composés chimiques.
« On doit procéder à un dépistage des plantes indigènes de la région et ensuite les tester à petite échelle pour déterminer lesquelles peuvent extraire efficacement et rapidement les composés pharmaceutiques que l’on désire éliminer.
Source : Le devoir