Maladie de Lyme : nouvel espoir pour des millions de personnes
Dans quelques semaines, le diagnostic, le traitement et la prise en charge de la maladie de Lyme devraient changer grâce à un nouveau protocole. Selon nos informations, les tests, très contestés, seront encore utilisés, mais ils ne seront plus indispensables pour le diagnostic qui reposera avant tout sur l’examen clinique. Une victoire pour les malades.
L’ancien protocole était largement contesté par les malades et certains scientifiques, puisque le diagnostic ne pouvait être posé qu’à partir de deux tests sérologiques, les fameux Elisa et Western Blot. Ces tests sont vivement critiqués pour leur manque de fiabilité. De nombreux malades souffrant de symptômes souvent très handicapants, mais déclarés négatifs par sérologie se retrouvent alors dans une impasse thérapeutique puisqu’ils ne peuvent pas bénéficier des cures d’antibiotiques prescrites pour lutter contre la maladie.
L’une des premières revendications des associations de patients était la suppression de ces tests. Bientôt rendus publics, les tests ne seraient pas supprimés du protocole. En revanche, ceux-ci ne seraient plus indispensables à la reconnaissance de la maladie. Ce serait désormais l’examen clinique qui permettra au médecin de poser le diagnostic de la maladie de Lyme, et ce, même si la sérologie est négative. Les symptômes l’emportent donc sur les tests. Si cela est confirmé, il s’agit alors d’un désaveu pour le Centre national de référence (CNR) des borrélioses (dont la maladie de Lyme fait partie). Et par conséquent, une victoire pour les associations de patients.
Autre point de discorde : la reconnaissance de la maladie chronique, en particulier chez des patients ayant bénéficié du traitement par antibiotiques, mais chez lesquels les symptômes perdurent. L’état de ces patients suggère que Borrelia, la bactérie responsable de la maladie, peut persister dans l’organisme. Même après le traitement antibiotique. Une hypothèse encore vivement contestée par le CNR qui estime que le traitement est toujours efficace. Le nouveau protocole en cours de validation pourra pourtant s’appuyer sur plusieurs publications scientifiques récentes qui semblent remettre en cause cette position. Les chercheurs ont pour cela comparé des personnes saines (groupe contrôle), n’ayant jamais été atteints par la maladie, à des patients présentant le « Syndrome post-traitement de la maladie de Lyme » ou PTLDS. Ce dernier correspond à des personnes ayant été diagnostiquées et traitées de manière conventionnelle par antibiotique, mais souffrante toujours des symptômes de la maladie. Les résultats de cette étude indiquent clairement qu’à la différence des individus sains, les malades PTLDS présentent toujours les mêmes symptômes : fatigue importante, douleur musculosquelettique, perturbation du sommeil et dépression ».
Une bactérie en dormance
La persistance des symptômes pourrait s’expliquer par la résistance de la bactérie dans l’organisme. Les chercheurs ont infecté expérimentalement des singes puis les ont traités avec antibiotique comme chez l’homme. Résultat : non seulement la bactérie survit au traitement antibiotique, mais en plus, elle reste pathologique. Du moins, chez le macaque rhésus. « Mais c’est le meilleur modèle animal pour étudier la maladie de Lyme », explique Monica Embers, la chercheuse qui a dirigé ces recherches à la Tulane University (États-Unis). Selon elle, la persistance du pathogène après le traitement antibiotique est due à la bactérie Borrelia. Celle-ci s’adapterait en échappant à la reconnaissance du système immunitaire. Elle entrerait en phase de croissance lente, peut être de dormance, suite au traitement antibiotique doxycycline; l’antibiotique le plus utilisé chez l’Homme contre la maladie. Or, cet antibiotique ne tue pas la bactérie, il stoppe sa croissance.
Avec ces travaux, il devient donc de plus en plus difficile de nier l’existence d’une maladie chronique même après un traitement aux antibiotiques. Quant aux tests, leur manque de fiabilité ne fait plus guère de doute. Une victoire pour les malades atteints de la maladie et une reconnaissance des symptômes chroniques avérés.
Le rapport final qui doit établir les lignes directrices et les protocoles nationaux sur la maladie de Lyme doit être publié en mai.
Source : Science et Avenir