Les étudiantes autochtones occupent pour une première fois en plus grande majorité les bancs du programme d’enseignement du campus de l’Université du Québec à Chicoutimi.
«On veut être des acteurs de changement dans nos communautés», clame Jade McKenzie, de la communauté innue de Matimekush, à Schefferville.
«On ne veut pas se contenter de suivre la vague, on veut que nos enfants aient tous les outils nécessaires, que le prof soit présent», poursuit-elle. Cette année, sur la trentaine d’étudiantes inscrites à la formation en éducation préscolaire et enseignement primaire, elles sont 17 à être issues de sept communautés innues de la Côte-Nord.
Elles veulent enseigner, pour la plupart, chez elles où le taux de roulement d’enseignants est souvent grand. «Il y a beaucoup de non autochtones aussi, remarque Britanny Mestokosho, qui vient de Pakuashipi, à quelque 800 kilomètres de Sept-Îles. C’est difficile de trouver des enseignants, des fois ils viennent et repartent rapidement».
Parce qu’enseigner dans des communautés isolées de la Basse-Côte-Nord ou nordiques n’est pas fait pour tout le monde, expliquent les étudiantes. «Par exemple à Schefferville, souvent les enseignants sortent de l’école. On leur propose un travail, mais quand ils voient les particularités, l’accès difficile, ils abandonnent», ajoute Jade McKenzie.
Faire la différence
Elles espèrent donc oeuvrer auprès de la jeunesse des communautés et elles savent qu’elles pourront faire la différence. «C’est plus facile d’entrer en contact avec les enfants, veux, veux pas, on vient de la même place», affirme Jade Rock-Pinette. «Tu peux facilement savoir d’où arrive ton enfant quand il est dans ta classe», ajoute sa collègue.
Évidemment, la transmission des valeurs autochtones, des traditions et surtout de la langue fait partie des missions qu’elles se fixent. Mais elles font face elles aussi à leur lot de défis, assises sur les bancs universitaires où l’apprentissage se fait en français, leur langue seconde. «Chaque jour est un combat», exprime Sue-Hélène Thirnish.
«Des battantes»
Le directeur du campus de l’est de la Côte-Nord, Roberto Gauthier, n’hésite pas à qualifier les étudiantes autochtones rencontrées de «battantes». «Elles ont un souci de contribuer à l’émancipation de leurs communautés, c’est une évidence. C’est un défi immense pour elles», indique-t-il.
La majorité des étudiantes s’inscrivent au certificat d’aides-enseignants en milieu autochtone qui correspond à la première année du bac régulier. Elles suivront ensuite le second certificat offert et c’est à la troisième année qu’elles pourront intégrer le bac. «Elles doivent être aussi performantes que les autres», assure M. Gauthier.
Source : Le Soleil
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