Par : Vladyslav Semendyayev
Nous sommes à une époque de transformations importantes dans les rapports entre employeurs et employés. De plus en plus, les entreprises visent à établir une relation de coopération plutôt que de soumission avec leurs travailleurs, elles incitent ceux-ci à s’engager par eux-mêmes dans les ambitions de la compagnie, laissent plus de place à la liberté et à la créativité et désirent la satisfaction et le bonheur des personnes qui travaillent pour elles. Tout cela améliore la vie des salariés, mais augmente également la productivité et la compétitivité des entreprises.
C’était moins le cas avant le 21ième siècle. Il faut dire que le travail était auparavant plus axé sur les tâches mécaniques, pour lesquelles un cadre de supervision plus stricte était efficace. D’autre part, les gens étaient généralement moins demandant quant à la flexibilité et au caractère actualisant de leur travail et considéraient surtout celui-ci comme une manière de subvenir à leurs besoins et à ceux de leur famille. Aujourd’hui, un nombre grandissant de personnes, surtout les milléniaux, désirent que leur métier soit en même temps une passion.
Les patrons peuvent souvent reprendre cet enthousiasme à leur avantage. Selon John Dame, expert en leadership et fondateur de la Business Evolution Conference, les employés qui se sentent connectés aux objectifs de la compagnie sont 50% plus productifs que ceux qui en sont désengagés. C’est pourquoi beaucoup d’employeurs cherchent des personnes avec un état d’âme similaire au leur, avec lesquelles ils peuvent connecter, avoir une relation sincère et s’entre-aider. Dans les compagnies les plus performantes, les travailleurs ont le sentiment d’appartenir à une équipe d’aventuriers qui œuvrent pour la réalisation d’un projet grandiose.
L’engagement émotionnel de l’employé est d’ailleurs un facteur de performance bien plus important que la rémunération. On a tendance à surestimer l’efficacité d’un gros salaire et l’importance que les employés accordent à l’argent. Pour donner un exemple, selon une étude récente de l’entreprise de recherche Gallup, seulement 12% des travailleurs qui démissionnent vont le faire à cause du salaire. Un fait surprenant est que 89% de leurs employeurs croient qu’ils quittent pour une meilleure rémunération.
Un autre facteur généralement bénéfique autant pour l’employeur que pour l’employé est la satisfaction et le bonheur de ce dernier. Le magazine Fortune a créé un classement des 100 entreprises pour lesquelles il est le plus agréable de travailler et il se trouve que ces compagnies connaissent en même temps une croissance environ 2,3 fois plus rapide sur le marché boursier en comparaison avec les autres. Ce magazine se fie sur plusieurs critères pour déterminer le classement, comme la libéralité de l’entreprise, les divers soutiens qu’elle apporte aux travailleurs, les opportunités d’avancement qu’elle offre et, surtout, la satisfaction générale telle que décrite par ses employés.Il est intéressant de noter que le nombre de compagnies considérées par Fortune comme étant «great» (très bien) pour les salariés a doublé entre 2011 et 2016.
Plusieurs entreprises usent de moyens originaux pour augmenter l’épanouissement et la performance de leurs employés. Google a, par exemple, intégré dans ses lieux de travail des tables de ping-pong, des murs d’escalade et des terrains de bowling, prouvés de réduire le stress et augmenter la performance. SelgasCano possède une architecture de bureau qui donne l’impression de travailler à l’extérieur, ce qui incite, selon elle, à la bonne humeur et la créativité. D’autres entreprises vont proposer des heures de travail payées à faire du bénévolat, car de plus en plus de gens veulent que leur compagnie et leur métier bénéficient la communauté. Ceci a également l’avantage d’améliorer l’humeur des travailleurs dans 94% des cas et leur permet en même temps de développer des qualités et des compétences pouvant contribuer à l’entreprise.
Une méthode populaire qui suscite créativité et innovation chez les travailleurs, se retrouve fameusement chez Google, qui accorde 20% du temps de travail à ses employés pour réaliser les idées et projets qui leur tiennent à cœur. Ils reviennent ensuite à la fin de la journée pour montrer ce qu’ils ont créé. C’est de cette façon que Gmail et Google News ont vu le jour, ainsi que la moitié de toutes les innovations de Google, en fait. Cette méthode est d’ailleurs utilisée plusieurs autres compagnies, telles que LinkedIn, 3M, Atlassian, Apple, etc.
Pour clore, les changements auxquels les entreprises doivent faire face aujourd’hui sont de plus en plus rapides et nombreux. Les patrons ont besoin de l’esprit et de la satisfaction de leurs employés plus que jamais. Un cadre de travail trop stricte, un pouvoir trop centralisé fonctionne, au final, comme un frein à la compagnie.
Sources : The Globe and Mail, Cooleaf, Officevibe,