Sudbury, la ville canadienne qui respire enfin
Il y a 40 ans, la ville de Sudbury dans l’Ontario était l’un des espaces les plus pollués sur terre. Aujourd’hui, il s’agit du territoire à l’air le plus sain dans toute sa région. Voici comment Sudbury est devenue plus verte.
La lune sur terre
Quarante ans plus tôt, Sudbury était une ville salie par les mines de nickel et l’industrialisation. Inco, une compagnie minière canadienne s’est installée dans la ville. L’extraction de nickelest y vite devenue l’activité industrielle principale. Aux dépens de la biodiversité de la région. En effet, avec les guerres mondiales, l’extraction de nickel à destination de l’armement militaire marchait à plein régime. Les retombées de cette industrie se sont reposées doucement sur le sol de Sudbury, attaquant ses eaux, ses forêts et son écosystème.
Le rejet de dioxyde de soufre provoqué par l’exploitation des mines était tel que l’air en surface des rues était devenu irrespirable. Certains habitants se souviennent de l’odeur et du goût de l’atmosphère, à chaque pas qu’ils faisaient à l’extérieur d’un bâtiment.
On compte dans cette région environ 300 lacs et l’une des plus grandes forêts de pins de la planète. Dans les années 1960, l’eau des lacs était extrêmement acide et il était rare d’y voir un arbre en vie. Connue pour ses nombreux rochers noirs, la ville a souvent été décrite comme ce qu’il y a de plus ressemblant à la surface de la lune sur terre. C’est lorsque des astronautes de la mission Apollo sont venus en visite dans la ville que Sudbury a pris conscience de son état catastrophique. Une seule mission pour les habitants : repeindre la ville en vert.
Les débuts d’une remontée
La première tâche importante était de laisser les habitants respirer à nouveau. Inco a alors entrepris la construction d’une cheminée d’usine de 381 m en 1972. « L’Inco Superstack » est la deuxième cheminée la plus haute du monde. Censée éviter les retombées de dioxydes sulfate sur la ville et ses habitants, elle a d’abord montré des résultats. Les gens respiraient mieux. Cependant, le taux de dioxyde carbone et la pollution de la zone n’allaient pas mieux. En cette année 1972, Sudbury a également voulu mettre un terme à son image de ville sale et polluée. Et la meilleure des solutions pour reverdir une ville est de sensibiliser ses habitants. En commençant par les enfants. En 1975, plusieurs enfants de Sudbury ont participé à replanter des végétaux sur les territoires les plus désertiques de la ville.
Un effort commun
Le plus grand pas en avant que les scientifiques aient pu faire, c’est accepter la collaboration avec le président d’Inco. Avec l’aide des industries (qui voulaient participer elles aussi à reverdir leur image), Sudbury a pu continuer sa végétalisation. Pendant près de cinq décennies, les efforts ont continué pour assainir la ville. Aujourd’hui, les lacs ont retrouvé leur neutralité et les forêts ont repoussé.
« L’histoire de Sudbury est un succès […] l’un des paysages les plus abîmés sur terre qui, avec l’industrie, le gouvernement, les universités et le public travaillant ensemble ont engendré un progrès incroyable pour le territoire et ses habitants » – Dr John Gunn, de l’Université laurentienne où un cours dédié à l’histoire du sauvetage de Sudbury y est tenu.
Totalement rétablie depuis mars 2019, Sudbury continue son programme de conservation de l’environnement. Elle espère montrer l’exemple à d’autres régions du monde. Avec la collaboration de tous les acteurs, industriels et environnementalistes, l’espoir de réhabiliter les zones les plus polluées de la planète n’est pas perdu.
Global Goodness vous suggère : Un ordinateur planétaire pour aider les organisations de conservation environnementales , le solaire bientôt moins cher que le charbon
Sources : Goodnewsnetwork, CBC, Regreening Program of Greater Sudbury, Rapport#3 Air Quality Trends in Sudbury 2008-2014
Crédits photos : Kevin MacAulay , GrandSudbury.ca, FREEPIK DE WWW.FLATICON.COM.