Au Chili, des cantines communautaires face à la crise
Le Chili est en proie à une crise multiforme. Face à l’impuissance de l’État, les citoyens s’organisent et créent des cantines communautaires.
Crise de l’État
Le système de retraites chilien oblige les travailleurs à verser 10 % des salaires sur un compte géré par des organismes privés chargés de les faire fructifier sur les marchés financiers. Avec le coronavirus et l’effondrement des bourses mondiales qui l’a suivi, beaucoup de foyers chiliens se retrouvent ruinés. De fait, beaucoup ne peuvent compter que sur la solidarité pour pouvoir se nourrir.
Les Chiliens paient les conséquences d’une politique néolibérale, où l’État est si peu présent dans l’économie que les citoyens sont livrés à eux même dans une situation de crise, comme la pandémie mondiale. Le Chili est alors devenu le sixième pays au monde avec le plus grand nombre d’infections par million d’habitants. Beaucoup considèrent que, face à l’inactivité du gouvernement, il est essentiel de s’organiser sur les bases de la communauté et de l’autogestion.
Des cantines communautaires et solidaires
C’est pourquoi, dès mai 2020, des cantines collectives apparaissent aux quatre coins de Santiago. Le système est simple : les habitants d’un quartier se regroupent, collectent de la nourriture, et distribuent gratuitement des repas pour les autres voisins. Les ingrédients sont réunis sur la base de dons, de récupération des invendus du marché, de contributions des volontaires ou sur le principe d’échange avec d’autres cantines solidaires. Environ 200 rations sont ainsi distribuées dans chaque cantine, sans compter les quelques livraisons à domicile pour les plus fragiles.
Ces cantines solidaires ne sont pas nouvelles au Chili. La dictature du général Pinochet (1973-1990), a fait sombrer les Chiliens dans une grande pauvreté. Déjà, il fallait pallier à l’absence de l’État, et recréer de la solidarité et du lien social entre voisins, entre communautés. Il n’est plus question en 2020 de dictature, mais le gouvernement Pinera n’a fait que très peu d’efforts pour résoudre cette situation. Il a bien annoncé l’envoi de 2,5 millions de colis alimentaires, mais l’organisation est désastreuse, les vivres arrivant très lentement dans les quartiers les plus populaires. Sur les affiches des cantines, on lit souvent un slogan : « Seul le peuple sauvera le peuple. »
L’autogestion semble être une alternative aux manquements de l’État chilien. Surtout, les nouvelles technologies facilitent l’organisation des cantines solidaires. Des pages Instagram et Facebook cartographient les cantines et soupes populaires. Le site Apoya La Olla recense 62 initiatives de cuisine communautaire. De l’autre côté, les réseaux sociaux et la messagerie WhatsApp permettent une coordination à plus grande échelle. De quoi approfondir l’organisation communautaire là où l’État n’est plus.
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Sources : Brecha, Ouest France
Crédit photo : Jerzy Górecki/Pixabay
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