Des chercheurs montréalais ont découvert un remède miracle contre les infections en hôpital. Il s’agit d’une enzyme qui empêche la production d’un « biofilm » , couche protectrice sécrétée par les agents pathogènes qui empêche les antibiotiques de bien fonctionner.
« C’est une avancée majeure parce que 70 % des infections nosocomiales [contractées en établissement hospitalier] impliquent des biofilms », explique Don Sheppard, directeur des maladies infectieuses au Centre universitaire de santé McGill (CUSM), l’un des coauteurs de l’étude publiée cette semaine dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS).
« Nous avons isolé une enzyme présente dans plusieurs types de pathogènes qui favorise normalement la constitution du biofilm, et nous l’avons transformée pour qu’elle le détruise. »
— Le Dr Don Sheppard
Cette enzyme devient ainsi une « machine destructrice », explique Brendan Snarr, étudiant au doctorat au laboratoire du Dr Sheppard à l’institut de recherche du CUSM. L’équipe, qui a travaillé avec des collègues de l’hôpital pour enfants de Toronto, a bon espoir de pouvoir commencer des essais cliniques chez l’humain d’ici cinq ans, ce qui pourrait mener à une utilisation dans les hôpitaux d’ici dix ans.
« Je dois constamment composer avec le problème des biofilms dans mon travail auprès des patients, dit le Dr Sheppard. Voilà une demi-douzaine d’années, nous avons commencé à étudier les biofilms pour mieux les comprendre et trouver une manière de les attaquer. Il y a quatre ans, je me suis rendu compte que des collègues d’Enfants malades faisaient des recherches sur les mêmes systèmes.
Les forces des deux équipes sont complémentaires, selon lui : celle de l’hôpital pour enfants est plus forte dans la compréhension de la structure du biofilm, celle de McGill, dans celle de la toxicité des pathogènes.
La découverte pourrait également permettre de diminuer le problème de la résistance des pathogènes aux antibiotiques. « Le biofilm est une sorte de résistance parce qu’elle protège le pathogène, dit le Dr Sheppard. Mais il permet aussi de diminuer la quantité d’antibiotiques à laquelle est exposé le pathogène. Ça augmente donc le taux de survie des souches d’agents pathogènes qui ont des mutations les rendant résistants aux antibiotiques. En diminuant l’efficacité des biofilms, on diminue aussi la résistance traditionnelle aux antibiotiques par mutations. »
Source : La Presse +