Et si nos bonnes vieilles routes en bitume devenaient plus intelligentes ? Et si elles permettaient de produire de l’électricité ou faire des économies d’éclairage ? La société Colas, leader dans la construction de route, a planché sur deux projets innovants.
Il fallait une inauguration digne de ce nom pour cette grande première mondiale, l’ouverture d’une route solaire ! Ségolène Royal, ministre de l’Environnement, s’est rendue en décembre dernier en Normandie en personne pour ce grand événement. Il faut dire que l’État a investi 5 millions d’euros dans cette voie du futur, développée par le géant de la construction Colas et dénommée Wattway.
2 800 m² de dalles photovoltaïques ont été posés sur le bitume d’une départementale, dans l’Orne à Tourouvre-au-Perche. La chaussée made in France a une durée de vie de 15 ans, et elle est censée résister au passage des poids lourds. L’idée : que l’électricité, produite grâce au soleil, rejoigne directement le réseau de distribution local.
France 24 rapporte que cette technologie peut « permettre de produire l’équivalent de l’éclairage public d’une ville de 5 000 habitants ». Et Pascal Duhoo, le directeur business et développement de Wattway, d’apporter cette précision dans Le Parisien : « Ce revêtement peut servir de complément d’énergie sur des aires d’autoroute, dans des centres de vacances ou des zones isolées non raccordées au réseau électrique. »
Le géant de la construction Colas s’est aussi lancé dans les routes conçues à base de… porcelaine recyclée (à 30 %). L’entreprise d’entretien des infrastructures a récupéré des morceaux d’assiettes chez des fabricants, comme Bernardaud, pour rénover, il y a quelques mois, une partie de voie à Limoges. Dans la capitale de la porcelaine, cela permet de réutiliser, plutôt que jeter, les rébus de céramique.
Autre avantage, la céramique réfléchit la lumière et permet un meilleur éclairage. « Plus les voitures roulent sur ce type de revêtement, plus la porcelaine est décapée, plus elle est visible », explique Colas dans Le Populaire. Carole Cheucle, directrice générale adjointe à l’agglomération de Limoges du centre, renchérit, dans le même article : « Nous allons pouvoir diminuer l’intensité lumineuse des lampadaires, et c’est écologique puisqu’il s’agit de matériaux recyclés. Nous espérons une économie d’énergie de l’ordre de 50% ».
Mais l’initiative sera-t-elle amenée à être exportée, voire généralisée sur des portions plus grandes ? Pas si sûr. Si une autre artère de 5 km sera rénovée dans quelques mois, toujours à Limoges, et que le procédé « est satisfaisant en termes de sécurité », selon Jacques Senant, le directeur de Colas, il s’agissait avant tout d‘un test qu’un laboratoire ne pouvait pas offrir. « Il est certain que nous ne construirons pas dans l’avenir des autoroutes en porcelaine », poursuit-il. Le système, qui surfe positivement sur un principe d’économie circulaire, ne mérite-il pas un autre destin ?
Source : Up Inspirer