Par : Vladyslav Semendyayev
Selon un récent rapport de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), l’espérance de vie à la naissance a augmenté de 5 ans à travers le monde entre 2000 et 2015, soit la hausse la plus rapide enregistrée depuis les années soixante. Elle est passée à 71,4 ans, soit 73,8 ans pour les filles et 69,1 ans pour les garçons.
Plus spectaculaire encore est la hausse rapide observée dans la Région africaine, où l’espérance de vie a bondi de 9,4 ans pour atteindre 60 ans. Il n’y a officiellement plus aucun pays avec une espérance de vie inférieure à 50 ans, même s’il n’y a pas si longtemps, la longévité moyenne dans plusieurs États africains atteignait environ 35 ans. Selon l’OMS, ces améliorations énormes sont dues principalement aux progrès en matière de survie des enfants et de la lutte contre les maladies infectieuses les plus répandues, comme le sida, la tuberculose et le paludisme.
Espérance de vie ( à la naissance) en 1953
Espérance de vie ( à la naissance) en 2013
En effet, la mortalité des enfants de moins de 5 ans est passée de 10,8 millions en 2000 à 5,9 millions en 2015, soit une réduction de 44 %. D’autre part, les décès reliés au paludisme ont été divisés par deux. Des améliorations similaires peuvent être observées pour la malaria, dont le taux de mortalité a chuté de 53 %; pour la tuberculose, qui cause aujourd’hui 29 % moins de morts qu’en l’an 2000; et pour le sida, dont le nombre de décès a diminué de 42 %, après avoir atteint son pic en 2004.
D’autres statistiques encourageantes du rapport de l’OMS :
— le nombre d’individus vivant dans l’extrême pauvreté, avec un revenu de moins de 1.25 $ US par jour, a décliné de plus de moitié entre 1990 et 2015, passant de 1,9 milliard de personnes à 836 millions.
— Un déclin similaire a eu lieu quant à la proportion d’individus sous-alimentés dans le monde, qui est descendue de 23 % en 1990-92 à 13 % en 2014-16.
— Le taux de mortalité lors de l’accouchement a également diminué de 44 % depuis 1990.
-91 % de la population de la planète utilise maintenant une source d’eau améliorée. Autrement dit, une source qui possède une bonne protection contre les contaminations extérieures. En 1990, seulement 76 % des habitants de la Terre y avaient accès.
À quoi peut-on attribuer ces progrès?
Finalement, la grande majorité des Objectifs du Millénaire, établis par l’OMS en 2000, ont été atteints et même dépassés. Plusieurs éléments ont contribué à cette réussite. D’un, le fait de surveiller et de faire un retour constant sur la progression vers les cibles établies a motivé grandement les pays à mettre l’effort et l’investissement nécessaire pour atteindre ces objectifs. La mise en place d’un vaste partenariat, tant au niveau international que local, a également beaucoup aidé. On peut rajouter à cela l’amélioration des approches et des traitements efficaces, la réduction de leurs coûts, l’accès plus facile aux médicaments et le progrès des mesures préventives et informatives.
Ce qui est peut-être encore plus remarquable est l’augmentation énorme du financement international. En effet, l’assistance au développement relativement à la santé a triplé entre 2000 et 2014, et ce, malgré la crise de 2008. Les crises économiques avaient jusqu’alors tendance à entrainer une diminution de l’aide accordée aux pays sous-développés. Mais cette fois était différente : les acteurs internationaux ont décidé de garder le cap et ont même augmenté leur contribution. Serions-nous à l’aube d’un changement considérable de mentalité?
Des Objectifs du Millénaire aux Objectifs de développement durable
L’OMS a maintenant établi de nouvelles cibles ambitieuses pour 2030. Elle les a intitulées « Objectifs de développement durable » (ODD). Alors que les Objectifs du Millénaire étaient surtout centrés sur la prévention et la rémission de certaines maladies, les ODD ont une portée beaucoup plus vaste. Il y a encore une volonté de réduire les conséquences de certaines maladies, comme le sida, la tuberculose et la malaria (même que l’objectif est de les éradiquer complètement d’ici 2030), mais il y a également des cibles pour protéger l’environnement et instaurer la production d’énergies renouvelables.
De plus, selon le mantra selon lequel « personne ne doit être laissé en arrière », l’OMS veut éliminer complètement la pauvreté et faire en sorte que tous les êtres humains puissent vivre en bonne santé, dans la paix et la prospérité. Pour cela, la mesure la plus essentielle à instaurer, selon l’OMS, serait une couverture de santé universelle donnant accès à tous à des services de soins de qualité.
Il resterait encore énormément de travail à faire pour accomplir ces objectifs ambitieux, mais l’humanité semble s’aligner sur une bonne voie quand on regarde les améliorations récentes qui ont été faites. « Le monde a progressé à grands pas pour réduire les souffrances inutiles » — Margaret Chan, directrice générale de l’OMS
Sources : L’Organisation mondiale de la Santé, Le Monde diplomatique