L’éducation est un « droit humain pour tous » , affirme l’UNESCO, pourtant la lecture est peu répandue parmi les réfugiés et les populations vulnérables. La chercheuse Rana Dajani se bat alors pour inverser la tendance, si bien qu’elle vient d’être nommée lauréate régionale pour le Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord de la distinction Nansen du HCR pour les réfugiés.
La lecture, un défi de taille
Dans le monde, 750 millions de personnes sont analphabètes et 773 millions de personnes n’ont pas les compétences de base en littératie, selon l’UNESCO. Dès lors, il est quasiment impossible pour ces millions de personnes de s’insérer en société. Or, au-delà d’un souci de communication et d’insertion, se cache une réelle faille : celle de l’enseignement et de la lecture. L’enseignement formel est difficile d’accès pour les populations vulnérables, voire inaccessible pour les réfugiés. Dans certains pays, comme en Jordanie, les bibliothèques sont rarement présentes. De ce fait, l’accès à la lecture est compromis, alors que ses bienfaits ne sont plus à prouver. Lire permet en effet de stimuler l’activité neuronale du cerveau selon le Docteur David Lewis, d’enrichir son vocabulaire, de renforcer sa confiance et son empathie, ainsi que d’élargir ses horizons.
Face à ce constat, la scientifique Rana Dajani a décidé d’agir. En 2006, elle lance le programme « Nous aimons la lecture » (We Love Reading.).
« J’ai réalisé que pour qu’un enfant tombe amoureux de la lecture, il lui fallait un modèle, un parent lui faisant la lecture à haute voix » – Rana Dajani, à l’UNHCR.
« Nous aimons la lecture »
Son programme popularise la lecture dans des milieux où elle n’est que très peu accessible et encouragée. Le concept parait simple, il s’agit d’oraliser la lecture. Pourtant Rana Dajani a mené de réelles recherches pour aboutir à cette méthode moins évidente qu’il n’y parait. « Nous aimons la lecture » se compose de bénévoles, uniquement des femmes, formées à la lecture à voix haute et à l’organisation de sessions de lectures dans leur quartier. Elles construisent alors une communauté, créent des bibliothèques et étendent le programme dans leur quartier tout en se l’appropriant. Face à la crise sanitaire, un programme alternatif est né, « Nous aimons la lecture pour le corona ». Gratuit et en ligne, il met à la disposition des internautes des lectures et des messages d’encouragement.
Lire pour s’autonomiser
L’efficacité du programme est telle qu’il est désormais présent dans 56 pays. 4400 bibliothèques ont été construites et un demi-million d’enfants ont profité du programme mené par 7000 lectrices. Partenaire de l’UNHCR et de Plan International, il opère dans tous les camps de réfugiés syriens en Jordanie et auprès des réfugiés sud-soudanais dans le camp de Gambella en Ethiopie. Ainsi, 3500 enfants réfugiés ont appris à lire. Le programme permet aux réfugiés de prendre confiance, d’améliorer leur santé mentale ainsi que leur résilience. La fondatrice explique qu’il « leur donne un but, quelque chose de tangible et… une capacité d’agir ». Le programme lancé par Rana Dajani , a reçu 16 récompenses.
Crédits photos: StockSnap/Pixabay , 12019/Pixabay
Sources : UNHCR , UNESCO, We Love Reading
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