La clarinette, la guitare et la contrebasse entament un classique de jazz rétro de La Nouvelle-Orléans. Nous sommes en plein après-midi, dans la salle communautaire d’un centre d’hébergement de soins de longue durée (CHSLD) de Cartierville.
Autour des trois musiciens, quelques dizaines de personnes âgées, la plupart en fauteuil roulant accompagnent comme elles le peuvent le rythme de la musique. Certaines font doucement osciller leur fauteuil roulant, d’autres tapent discrètement du pied, et d’autres se contentent de se frotter les mains tandis que d’autres sourient, simplement.
Le Early Jazz Band, un trio qui se spécialise dans la musique des années 1920 à 1940, a été invité ici par la Société pour les arts en milieux de santé (SAMS). Depuis 2009, l’organisme multiplie les manifestations musicales dans les CHSLD et les hôpitaux.
Françoise Henri, la Directrice générale et artistique de l’organisme, croit profondément au pouvoir de la musique sur les personnes âgées.
« La musique, on pense que c’est le meilleur moyen pour toucher nos aînés, explique Françoise Henri. Ça les touche particulièrement, surtout quand on va chercher dans leurs souvenirs, les choses qu’ils connaissent. Il y a en beaucoup qui ont connu la musique, classique ou autre, dans leur jeune temps. Et c’est magique, ce qui se passe. Ils renaissent en quelque sorte. La musique a des pouvoirs très particuliers sur le cerveau et la mémoire, une faculté presque magique d’aller allumer un genre de vitalité qu’on peut perdre avec l’âge. […] C’est comme si ça se passait dans un coin du cerveau qui n’est pas touché par la maladie, comme si on touchait à l’essence du soi. »
Jean-Sébastien Leblanc, du Early Jazz Band, qui a donné une centaine de spectacles dans des résidences pour personnes âgées, peut en témoigner. Il raconte l’histoire de cette femme, alzheimer et mutique, qui était entourée de sa fille et de son accompagnante.
« J’ai fait une chanson de Louis Armstrong, raconte-t-il. Elle a chanté toutes les paroles du début à la fin, elle qui n’avait pas parlé depuis des années. Sa fille et son accompagnante pleuraient. »
Source: Le Devoir