Méthadone Bertrand
À La Licorne, une résidence destinée à la relève a offert à Vincent Paquette, aperçu dans Royal et Le garçon de la dernière rangée, l’occasion d’écrire son premier texte. Il reprend l’archétype de deux êtres que tout sépare et prouve qu’il peut encore toucher, et bouleverser sans facilité.
Le point de départ est modeste: une cliente âgée et un livreur de pharmacie dans le huis clos d’un petit appartement. Madame Bertrand retarde sciemment le règlement pour garder un peu plus longtemps le jeune Félix. Lui, rétif, vise la sortie; elle, volubile, multiplie les perches. D’abord, leurs échanges sonnent creux. Puis, au gré d’aveux et de petites torsions, un lien se tisse.
Écrit et mis en scène par Paquette, Métadone Bertrand avance sur une charpente claire: dialogues réalistes, nerf comique, personnages solides. Marie‑Ginette Guay, prodigieuse, glisse du burlesque au dénuement, laisse affleurer méfiance, défi, jubilation, besoin d’écoute, capitulation. Son timbre, râpeux, colore tout. La proximité de la salle de répétition — format 5 à 7 — amplifie chaque nuance: privilège rare.
Face à elle, la recrue Samuel Bouchard ne s’efface pas. Il mêle candeur et fatigue du monde, détachement et tact. Les habits pensés par Laurie Foster disent l’écart: tenue soignée pour l’une, superpositions confortables pour l’autre. L’absence de références partagées, jusqu’au tutoiement/vouvoiement, entérine la fracture.





